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Dans cette entrefaite, Paget[1], homme assez âgé, de basse naissance, mais fort riche, devint amoureux de madame d’Olonne, et, ayant découvert qu’elle aimoit le jeu[2], crut que son argent lui tiendroit lieu de mérite, et fonda ses plus grandes espérances sur la somme qu’il résolut de lui offrir. Il avoit assez d’accès chez elle pour lui parler lui-même s’il eût osé, mais il n’avoit pas la hardiesse de faire un discours qui tireroit après lui de fâcheuses suites s’il n’eût pas été bien reçu ; il fit donc dessein de lui écrire, et lui écrivit cette lettre :

  1. « Maistre des requestes », dit Tallemant (t. 2, p. 115), puis intendant des finances ; « protecteur des partisans », ajoute le Portrait des Maîtres des requêtes, « et qui de peu a fait beaucoup par toutes sortes de voies ».

    L’État de la France pour 1658 lui donne, comme intendant : Toulouse, Montpellier, la ferme des entrées de Paris, l’artillerie et le pain de munition.

    En 1661, on le rembourse à 200,000 livres seulement, c’est-à-dire qu’on le destitue, et bien d’autres du même coup. C’est l’année des comptes sévères.

    La femme de Paget étoit belle (V. le Recueil des Portraits de Mademoiselle : c’est la Polénie de Somaize (t. 1, p. 194, 206). Sa ruelle étoit vantée. Tallemant des Réaux (t. 2, p. 407) a raconté, à propos de madame Paget, une anecdote piquante. Bois-Robert et Ninon, l’une de nos amies en ce volume, y jouent un rôle.

  2. Elle jouoit ; son mari joua bien davantage. Voy. l’Oraison funèbre que lui fait dans son Journal l’estimable marquis de Sourches (janvier 1686, t. 1, p. 103). « On vit alors mourir le comte d’Aulonne, de la maison de Noirmoustier (La Trémouille), qui avoit été guidon des gendarmes du roi pendant les guerres civiles, et chez lequel s’assembloient alors presque tous les gens de qualité pour y jouer ou pour y trouver bonne compagnie. »