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sont très belles ; en gros, c’est le lieu du monde le plus désagréable. C’est terre d’Église, de sorte que la ville est fort ruinée du passage des gens de guerre. Le seigneur du lieu est abbé commandataire[1], homme illustre qui a passé par tous les degrés et qui a été long-temps archidiacre en plusieurs grandes villes de cette province.

De là vous venez à

Saint-Loup[2], petite ville assez forte, mais plus par l’infanterie qui la garde[3] que par la force de ses remparts.

À trois lieues de là vous trouvez

La Suze[4], qui change fort souvent de gouverneur et même de religion. Le peuple y aime les belles-lettres, et particulièrement la poésie.

Ensuite se voit

Pont-sur-Carogne[5]. Il y a eu long-temps dans cette place deux gouverneurs de fort différente condition en même temps, et qui cependant vivoient dans la meilleure intelligence du monde. La fonction de l’un[6] étoit de pourvoir à la subsistance de la ville, et celle de l’autre[7] étoit de pourvoir au plaisir. Le premier y a presque ruiné

  1. L’abbé Fouquet, dit la Clef.
  2. Mademoiselle de La Roche Posay, mariée au financier Le Page, qui prit le nom de Saint-Loup. Ce fut, nous l’avons dit, la première maîtresse de Candale.
  3. Candale, colonel général de l’infanterie, en survivance.
  4. Fille du maréchal de Châtillon, sœur de madame de Wurtemberg, bel esprit et poète. Elle avoit abjuré.
  5. Mademoiselle de Pons, dont nous avons parlé.
  6. Le duc de Guise.
  7. Malicorne, écuyer du duc de Guise.