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commandé l’armée sous l’autorité du prince de Conty[1], il commença de témoigner à madame d’Olonne, par mille empressemens, l’amour qu’il avoit pour elle, dans la pensée qu’il eut qu’elle n’eût jamais rien aimé. Voyant qu’elle ne répondoit point à sa passion, il résolut de la lui apprendre de manière qu’elle ne pût faire semblant de l’ignorer ; mais, comme il avoit pour toutes les femmes un respect qui tenoit un peu de la honte, il aima mieux écrire à madame d’Olonne que de lui parler.


BILLET.

Je suis au désespoir, Madame, que toutes les déclarations d’amour se ressemblent, et qu’il y ait quelquefois tant de différence dans les sentimens ; je sens, bien que je vous aime plus que tout le monde n’a accoutumé d’aimer, et je ne sçaurois vous le dire que comme tout le monde vous le dit. Ne prenez donc pas garde à mes paroles, qui sont foibles et qui peuvent être trompeuses, mais faites réflexion, s’il vous plaît, à la conduite que je vais avoir pour vous, et, si elle vous témoigne que pour la continuer long-temps, de même force il faut être vivement touché, rendez-vous à ces témoignages,

    Candale, beau garçon, d’humeur galante, blond, langoureux, coquet, garda quelque chose du caractère paternel. Ne voyons pas en un rose obstiné toutes les prouesses de ces messieurs : ils cachoient la griffe sous la patte de velours. Ces « princes chimériques », les Candale, les Manicamp, les Jarzay, ne doivent pas être canonisés sans information parcequ’ils ont plu à un nombre infini de belles.

  1. Le frère de Condé.