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Mais comme gage de l’amour ;
Et là-dessus prenez bien garde
Que la belle ne vous regarde
Comme un impérieux vainqueur
Qui dans une injuste contrainte
La voudroit tenir par la crainte
Plutôt que par son propre cœur ;
Et, pour lui mieux lever toutes les défiances,
Laissez entre ses mains, dans vos moindres absences,
Ses faveurs, ses lettres d’amour,
Le tout jusqu’à votre retour.

Sçavoir s’il est vrai, comme quelques uns disent, que l’amour s’use dans un cœur sans qu’on en sçache la raison.

Quand un amant vous dit que l’amour, malgré soi,
S’est usé dans son cœur, et qu’il ne sçait pourquoi,
Il vous dit une menterie ;
Mais la raison qu’a cet amant
De finir sa galanterie
Vaut si peu qu’il n’a pas assez d’effronterie
Pour vous la dire librement.
Il craindroit de vous faire une trop grande offense
S’il vous disoit que l’inconstance
Vient de sa propre volonté :
Si bien qu’il croit vous moins déplaire
En vous parlant de cette affaire
Comme d’une nécessité.
Mais cependant la vérité,
Iris, est que, comme en soi-même
On sçait toujours pourquoi l’on aime,
Pour peu qu’on l’ait examiné,