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Quand, pour rompre notre commerce,
Votre esprit jaloux nous traverse,
Tircis, vous réveillez nos soins
Qui s’endormoient dans le ménage.
Si nous nous voyons un peu moins,
Nous nous aimons bien davantage.

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Ce que j’ai de plaisir avecque ma Silvie,
Je le dois à la jalousie
D’un mari qui par là réchauffe mon amour.
Le pouvoir que j’avois de la voir chaque jour
Me rendoit Langés[1] auprès d’elle ;
Mais, si tôt qu’il m’eut dit de ne plus voir la belle,
Je la vis en secret, et je devins Saucour[2].

Sçavoir quelle est la raison, entre autres, pourquoi les passions finissent, et le bon moyen de s’aimer toujours.

Je tiens que la possession
Fréquente, commode et tranquille,
Est la mort à la cour, aux champs et dans la ville,
De la plus grande passion.
Amans, donc, qui mourez d’envie
De vous aimer toujours, un peu de jalousie,
D’absence et de difficultés
Vous feront passer entêtés
Tout le reste de votre vie.

  1. Le marquis de Langeais, déclaré impuissant en justice.
  2. Celui qui contentoit tout le monde et sa femme.