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qui sera toujours agréable, si elle la peut sauver de l’incommodité de l’embonpoint. Madame de Monglas a l’esprit vif et pénétrant, comme son teint, jusqu’à l’excès ; elle parle et elle écrit avec une facilité surprenante, et le plus naturellement du monde ; elle est souvent distraite en conversation, et on ne lui peut dire guère de choses d’assez grande conséquence pour occuper toute son attention ; elle vous prie de lui apprendre quelquefois une nouvelle, et, comme vous commencez la narration, elle oublie sa curiosité, et le feu dont elle est pleine fait qu’elle vous interrompt pour vous parler d’autre chose.

Madame de Monglas aime la musique et les

    Il ne ressemble pas au pauvre Sganarelle, qui étoit un mari très marri. On ne comprend pas celui-ci : car, quoiqu’il porte des cornes sur la tête, il les tient fort au dessous de lui. Si vous n’y êtes pas encore, vous n’en êtes pas loin. Attendez : c’est un mari gros et gras et bien nourri. Y êtes-vous ? C’est un mari dont le malheur m’est particulièrement connu. Oh ! pour celui-là, vous y êtes. » (Bussy à Sév., 9 juin 1668.)

    Bussy pendant long-temps poursuivit sa maîtresse infidèle de sa colère et de ses injures, ne voulant pas comprendre qu’elle fût bien vue, considérée encore ; « qu’elle eût, par sa bonté, son amabilité et une conduite plus régulière, conservé l’amitié de toutes les femmes avec lesquelles elle s’étoit liée. » (Walck., t. 3, p. 171.)

    Il écrit à madame de Sévigné (26 juin 1688) : « J’ai fait toute la peur à madame de Monglas ; et, lorsqu’elle attendoit la honte de paroître en public manquer de bonne foi, je lui viens de faire dire par la comtesse de Fiesque qu’après les sentimens que j’avois eus pour elle, je ne lui voulois jamais faire de mal. Je ne sais comment elle recevra cela, mais je sais bien pourquoi je l’ai fait. »

    Le 1er juillet il dit : « Elle a reçu mes honnêtetés avec la joie et la reconnoissance qu’elles méritoient. » Bussy l’a aimée sincèrement, et c’est là le plus beau trait de sa vie légère.