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troussé, les dents belles et nettes, le teint trop vif, les traits fins et délicats, et le tour du visage agréable ; elle a les cheveux noirs, longs et épais ; elle est propre au dernier point, et l’air

    épouse, le 8 février 1645 (ou 1643), François de Paule de Clermont, marquis de Montglat.

    « Cette jeune personne (Montp., t. 1, p. 418), qui étoit d’agréable compagnie, fut depuis toujours auprès de moi. »

    Elle commença par aimer La Tour Roquelaure (Tallem., t. 7, p. 139) ; le duc d’Elbeuf l’eut ensuite (Tallem., t. 4, p. 309). Voici, puisée à la même source, une historiette (t. 5, p. 371) qui nous fait entrer dans sa vie privée et lui donne un nouvel amant :

    « Au carnaval de 1652, madame de Montglas fit une plaisante extravagance chez la présidente de Pommerueil. On y devoit jouer Pertarite, roy des Lombards, pièce de Corneille qui n’a pas réussy. Mademoiselle de Rambouillet dit à Segrais, garçon d’esprit, qui est à cette heure à Mademoiselle, qu’elle n’avoit point veû l’Amour à la mode et qu’elle l’aymeroit bien mieux. « Dites-le à la comtesse de Fiesque. » La comtesse le dit à Hippolite : c’est le fils du président de Pommerueil du premier lict, un benais qu’on appelloit ainsy parce qu’on luy faisoit la guerre qu’il estoit amoureux de sa belle-mère. Hippolite, qui estoit espris de la comtesse, alla dire aux comédiens que, quoy qu’il en coustast, il falloit absolument jouer l’Amour à la mode, et les envoya changer d’habits. On joue : madame de Montglat réclame et fait bien du bruit. La comtesse et elle se harpignèrent ; les autres ne dirent rien. Au troisiesme acte, patience luy eschappe ; elle crie, tout haut : « Mon carrosse est-il venu ? —Non, Madame.—Celuy de l’abbé de Richou y est-il ? (Notez que c’étoit son galant.)—Ouy, Madame. » Elle sort, et, par une plaisante rencontre, le comédien qui estoit sur le théâtre dit :

    Retraite ridicule et fort extravagante.

    « C’estoit justement où il en estoit, et, dans la comédie, une femme se retiroit comme cela brusquement. Cela fit rire jusqu’aux larmes. »

    Un couplet s’exprime ainsi :

    Le rendez-vous du beau monde,
    Montglas, n’est plus que chez vous ;