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le visage ouvert et la physionomie heureuse, les cheveux blonds déliés et clairs. Il avoit dans l’esprit de la délicatesse et de la force, de la gaîté et de l’enjoûment ; il parloit bien, il écrivoit juste et agréablement. Il étoit né doux ; mais les envieux que lui avoit faits son mérite l’avoient aigri, en sorte qu’il se réjouissoit volontiers avec des gens qu’il n’aimoit pas. Il étoit bon ami et régulier ; il étoit brave sans ostentation ; il aimoit les plaisirs plus que la fortune, mais il aimoit la gloire plus que les plaisirs ; il étoit galant avec toutes les dames et fort civil, et la familiarité qu’il avoit avec ses meilleurs amis ne lui faisoit jamais manquer au respect qu’il leur devoit. Cette manière d’agir faisoit juger qu’il avoit de l’amour pour elles, et il est certain qu’il en entroit toujours un peu dans toutes les grandes amitiés qu’il avoit. Il avoit bien servi à la guerre, et fort long-temps ; mais comme, de son siècle, ce n’étoit pas assez pour parvenir à de grands honneurs que d’avoir de la naissance, de l’esprit, des services et du courage, avec toutes ces qualités il étoit demeuré à moitié chemin de sa fortune. Il n’avoit pas eu la bassesse de flatter les gens en qui le Mazarin, souverain

    mort en un moment, dans un profond sommeil, la tête embarrassée, et, entre nous, aussi pourri de l’âme que du corps. »

    Bussy, qui attribue cette mort aux ravages d’un mal gagné dans des débauches anciennes, répond (28 septembre) : « Après une étroite amitié entre lui et moi, mes disgraces me l’avoient fait perdre, et je l’avois assez méprisé pour ne lui en avoir fait aucun reproche ; mais je le regardois comme un homme d’esprit et de courage qui avoit un fort vilain cœur. »