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bien aise, lui dit-elle, de voir que vous autres messieurs disposez de moi comme de votre bien. Me voilà donc maintenant au comte de Guiche, puisque vous lui avez fait votre déclaration que vous ne prétendiez rien à moi ? —Ah ! Madame, répondit l’abbé, je ne vous donne à personne.

    ne sçait point le sujet : on dit que c’est à cause de M. Fouquet ; mais apparemment c’est le prétexte de quelque autre chose. » (Guy Patin, 16 décembre 1664.)

    « M. de Vardes a été amené d’Aigues-Mortes dans la citadelle de Montpellier, par ordre du roi, d’où l’on dit qu’il sera conduit à Paris (31 mars 1665).

    (Même lettre.) « Le comte de Guiche a reçu commandement du roi de se retirer à La Haye (en Hollande), et la comtesse de Soissons n’est pas bien dans l’esprit du roi à cause de la lettre qui est venue d’Espagne. »

    Vardes alla d’abord à la Bastille, où on courut le voir en procession. Il n’en étoit pas moins perdu, et l’amitié du roi lui étoit ravie. Il « avoit une ambition déréglée (Mottev., t. 5, p. 227) et naturellement étoit artificieux et vain. » On l’envoya dans la citadelle de Montpellier (La Fare), puis on lui permit de se promener un peu ; mais il resta en exil. Madame de Grignan l’y retrouve, toujours capitaine en titre des Cents-Suisses (Sévigné, édit. Didot, t. 3, p. 39), s’occupant de chimie et poursuivant surtout la découverte de l’or potable (1er juillet 1676). En 1683 il reparut à la cour (Sévigné, 26 mai) vieilli, cassé, mais élégant, roide, poli, reste glacé des grâces de la Régence, et, plutôt qu’un modèle, un souvenir. Louis XIV fut clément et doux.

    « M. de Vardes est ici plus délicieux que jamais, et joignant les perfections humaines et la sagesse de l’honnête homme à celle d’un bon chrétien. » (Lettre de Corbinelli, 1er juin 1684.)

    Dangeau (21 janvier 1688) montre que de Vardes reconquit presque sa place perdue dans la faveur. Il meurt le 3 septembre 1688, laissant 40,000 livres de rente à son gendre. Saint-Simon, parlant de son exil et de son retour, dit : « Il en revint si rouillé qu’il en surprit tout le monde et conserva toujours du provincial. Le roi ne revint jamais qu’à l’extérieur, et encore fort médiocre, quoiqu’il lui rendît enfin un logement et ses entrées. »