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elle tout le respect à quoi sa grande naissance et son mérite extraordinaire obligeoient tout le monde ;

    pair et maréchal de France, souverain de Bidache, comte de Guiche et de Louvigny, vice-roi de Navarre et de Béarn, maire héréditaire de Bayonne. Il étoit né en 1604 à Hagetman en Gascogne ; il mourut à Bayonne en 1678. Il eut quatre enfants : le comte de Guiche, le comte de Louvigny (Antoine-Charles), plus tard duc de Grammont, marié en 1688 à Marie-Charlotte de Castelnau, mort en 1720, après avoir laissé des mémoires sous le nom de son père ; madame de Monaco, née en 1639, mariée en 1660, morte le 5 juin 1678, et la marquise de Ravelot, veuve en 1682, puis religieuse.

    Les Mémoires de Grammont ne mentent pas quand ils l’appellent (Coll. Michaud, p. 329) « le courtisan le plus délié et le plus distingué qu’il y eût à la cour », ni même lorsqu’ils lui donnent (p. 326) « un esprit jeune et de tous les temps ». En 1625, Antoine III, alors comte de Guiche, fréquente à l’hôtel de Rambouillet. Il n’y brille pas parmi les versificateurs ; on lui fait des farces : on le gave de champignons (Tallemant des R., t. 2, p. 492), on le couche, on lui découd, on lui rétrécit ses habits. Mais il va à la guerre : de 1629 à 1630, il se distingue à Mantoue. Toutefois, on ne le considéra jamais ni comme un Gassion, ni comme un Condé. Après la bataille d’Honnecourt, il y eut tant de couplets militaires décochés sur lui avec le refrain :

    Lampon, Lampon,
    Camarades, Lampon,

    qu’on l’appela le maréchal Lampon.

    On avoit inventé les « éperons à la Guiche » ; on disoit :

    Le maréchal de Guiche,
    Qui fuit comme une biche.

    On a même dit qu’il se fit battre exprès à Lomincourt (1642) pour plaire à Richelieu, qui vouloit la guerre longue. C’étoit faire bon marché de la gloire des armes, et, sauf le sang versé, l’estimer à son prix.

    Richelieu l’avoit fait maréchal de bonne heure, parcequ’il avoit épousé sa parente, mademoiselle Françoise-Marguerite du Plessis-Chivray, après avoir failli épouser mademoiselle de Rambouillet en personne. Souple devant son parent le cardinal, et, par habitude, devant les ministres qui lui succédèrent,