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d’être aimée, parceque l’amour lui fait croire qu’on la doit aimer, et parcequ’on ne se persuade pas malaisément ce que l’on désire. Ces raisons là firent que la comtesse ne douta point de l’amour du comte de Guiche. Dans ce temps-là madame d’Olonne, qui ne vouloit pas qu’un jeune homme si bien fait lui échappât, pria Vineuil[1]

  1. Je vois un Vineuil (Tall. des R., t. 1, p. 472) qui, en 1643, « à la porte des Thuilleries », reçoit des coups de plat d’épée du comte de Maulny. « On l’appeloit Ardier le gentilhomme. » C’est donc le nôtre, mais les coups de plat d’épée étonnent. Ici on lit : comte de Vineuil (Mém. de M. de ***, Coll. Michaud, p. 534) ; ailleurs : Ardier, sieur de Vineuil, gentilhomme de M. le Prince ; ailleurs : marquis de Vineuil, secrétaire du roi. Celui-ci, spirituel, bien fait (Tall., t. 4, p. 231), jouit, dans la fleur de sa beauté, de la fille du maréchal de Châtillon (plus tard madame de Wurtemberg). Faut-il, philosophiquement, faire la synthèse de ces diverses entités ? Faut-il croire à un Vineuil unique sous trois apparences ? Cela se peut. Vineuil avoit de l’esprit, il aimoit le mordant, il étoit bien fait ; il plut (Walck., t. 1, p. 337) à madame de Montbazon, à madame de Movy. Retz en est garant quant à ce qui regarde la première (Mém. du card de Retz, p. 175). « Vigneuil, dit-il (1649), aimé effectivement. »

    On voit Vineuil chargé de proposer à madame de Chevreuse le mariage de sa fille avec le prince de Conti, lorsque celui-ci cessa de vouloir être cardinal de la sainte Église (Lenet, p. 316) ; il avertit Condé de son imminente arrestation, en 1650 (Montp., t. 2, p. 77). La guerre commence ; il est des plus actifs dans son parti. Il est arrêté à Portiers en 1651 (Mott. t. 4, p. 307) ; en 1653, venant de Flandre avec des lettres, il se fait encore prendre (Montp., t. 2, p. 390). Brienne, le vieux Brienne, a indiqué quel fut le rôle politique de Vineuil (Mém. de Brienne, Coll. Michaud, p. 133). Nous ne le retrouvons que plus tard, à Saumur (Sevigné, 17 septembre 1675) : « Vineuil est bien vieilli, bien toussant, bien crachant et dévot, mais toujours de l’esprit. »

    MM. d’Olonne, de Vasse et Vineuil étoient exilés. Ce fut au retour de cet exil que, le roi demandant à M. de Vineuil ce qu’il faisoit à Saumur, lieu de son exil, il dit qu’il alloit