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ODES ANACRÉONTIQUES.
LA ROSE.
ODE I.
Je ne vois fleur qui tant m’agrée
Comme fait la rose pourprée.
O Rose, fille d’Apollon,
Honneur des vers d’Anacréon,
Qui, dans son ivresse bachique,
Couronnois son front poétique :
J’aime ton beau pied verdissant,
Ton petit bouton rougissant ;
J’aime ta feuille cinabrine,
Teinte du pur sang de Ciprine,
Qui colore dans ce beau mois
Le blanc ivoire de ses doigts.
Il faut donc te dire pourquoi,
Rose, je t’aime plus que moi.
J’aime ta cime jaunissante,
J’aime ta sève verdissante,
Pour ce que celle que je sers
A le poil d’or et les yeux verds.
J’aime tes feuilles incarnates
Comme les lèvres délicates
De ma maîtresse, et ton odeur
Comme l’haleine de son cœur.