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ÉPÎTRE À MON MARI,
écrite de meaux.


À toi, de qui la destinée
Avec la mienne est enchaînée
Par des liens qu’aucun effort
Ne peut rompre, excepté la mort,
Je ne puis, d’un petit voyage,
En guise de pèlerinage,
Te faire un gracieux récit :
Je suis en ces lieux, tout est dit.
De tes parents la kyrielle,
Cette aimable et longue séquelle,
S’est assemblée autour de moi,
Et chacun m’a parlé de toi.
J’ai revu ce précieux gage
De notre amour ; et ton image
N’est pas mieux tracée au miroir,
Que dans ces traits charmants à voir.
Je mérite que l’on me croye,
Lorsque je dirai qu’avec joye
Dans mes bras j’ai su le presser,
Pensant toi-même t’embrasser.
Cependant, pour moi la campagne
N’est pas un pays de Cocagne ;
Quoique l’on dise que les jours
À présent sont devenus courts,
Ils paroissent, pour me déplaire,
Beaucoup plus longs qu’à l’ordinaire.