Suivant l’ardeur qu’il vous inspire ;
Et ces charmants plaisirs sont pour vous éternels :
Comme les malheureux mortels,
Rien ne vous asservit aux loix des destinées,
Qui souvent, au milieu des plus belles années,
Viennent trancher le cours de leurs contentemens :
Ah ! loin d’en ressentir les rigueurs obstinées,
Vous renaissez à tous momens.
Mais que nous sert, hélas ! qu’en voyant la lumière
Nous ayons un destin le plus doux, le plus beau ?
Puisque, par l’horreur du tombeau,
On voit en un instant finir notre carrière ?
Tant de projets flatteurs, tant de vastes desseins,
Sont en moins d’un moment inutiles et vains.
La gloire, le bonheur et les plaisirs du monde
Passent aussi rapidement
Qu’on voit couler votre belle onde
Dans ce lieu tranquille et charmant
Printemps, qui parez ces bocages
Par tant de brillantes images
Qui ne font qu’affliger notre cœur abattu,
De mille désirs combattu,
On doit toujours craindre vos charmes ;
Malgré les agrémens qu’offre votre saison.
Vos dangereux attraits, par leur flatteur poison,
Tâchant de nous prêter des armes
Contre les loix de la raison,
L’exposent en secret à cent rudes alarmes.