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également le Louvre qui les renferme. L’une, celle que nous avons fait graver, passe pour être l’ouvrage d’un français : l’autre, moins riche de détails et d’un goût moins pur, est, dit-on, d’un allemand ; mais le nom de ces artistes, qui aurait dû être transmis à la postérité, est resté inconnu. Pendant les troubles révolutionnaires, ces belles grilles, qu’on préservait avant de tout dommage par des vollets en bois, furent cruellement mutilées, et, lorsque MM. Percier et Fontaine, architectes du gouvernement, furent chargés, il y a une quinzaine d’années, de les faire restaurer, elles étaient dans un état déplorable de dégradation. Feu Varin, serrurier habile, est l’homme à qui ce travail important fut confié. Pour s’en acquitter convenablement, il commença par exercer pendant un certain temps plusieurs de ses élèves à des ouvrages de même nature ; aidé ensuite de ces excellens auxiliaires, il parvint non-seulement à réparer les parties endommagées, mais encore à remplacer celles qui avaient été entièrement détruites, et avec un tel succès, qu’il est impossible aujourd’hui de distinguer les parties nouvelles des anciennes. Pourquoi faut-il que des hommes qui ont pu effectuer aussi heureusement une restauration de cette importance, soient privés d’occasions de produire des ouvrages dignes de leurs talens ! Nous n’entrerons dans aucune description de ces intéressans ouvrages, la gravure que nous en donnons parle d’elle-même ; nous ferons remarquer seulement que jusqu’alors elles n’avaient point été gravées d’une manière exacte et digne de leur mérite ; l’esquisse que Marot en a publiée, dans son ouvrage sur les maisons royales de France, est si imparfaite qu’elle ne paraît pas avoir été exécutée d’après. La seconde de ces grilles, d’un effet moins heureux que celui de la première, en diffère essentiellement dans la composition des panneaux principaux, qui sont décorés d’espèces de balustres dont on n’a pas jugé à propos de donner ici de détail.

La gonture et les moyens de fermeture de ces grilles étaient extrêmement négligés, comme dans tous les ouvrages anciens ; ces accessoires ont été refaits avec le soin et la supériorité d’exécution que notre siècle est parvenu à mettre dans cette partie de l’art du serrurier.

Planche 21.

La grille de l’église Ste.-Geneviève, dont nous donnons le dessin, est l’une de celles qui ferment les escaliers qui descendent aux caveaux sépulcraux. La composition en est simple et ferme, et présente le caractère de solidité qui doit distinguer ces sortes d’ouvrages.

Les deux motifs placés de chaque côté sont d’un très-bon ajustement, surtout celui des bains Montesquieu, dont la décoration est analogue au but de l’établissement dont elle défend l’entrée. Ils ont été tous deux figurés rompus, pour faire sentir qu’ils ne sont pas dans leur juste proportion. La grille tirée de l’église métropolitaine de Paris est ornée avec finesse : le couronnement est ajusté avec goût. Celle de la rue de la Harpe est aussi composée d’une manière satisfaisante, principalement le demi-cercle qui la surmonte.

Planche 22.

La grille qui occupe le milieu de cette planche est située rue Ste.-Croix de la Bretonnerie, où elle sert de clôture à une petite cour. La proportion de ses parties, la juste distribution et le goût de ses ornemens doivent la faire regarder comme un modèle digne d’être reproduit souvent, et principalement pour fermeture de baies en maçonnerie, qui déguiseraient la maigreur que présentent ses barreaux terminés en pointe. On remarquera que l’ornement en dards qui est placé au bas, a le double avantage de donner de la fermeté à cette partie et d’empêcher les animaux de passer.

À droite et à gauche on voit deux fragmens de grilles : l’un, en forme de hallebardes riches, est tiré de l’hôtel de la Légion d’Honneur, où il remplit l’intervalle des colonnes qui bordent la rue ; l’autre est nouvellement exécuté rue St.-Lazare : c’est la porte d’une maison. Son style est riche, varié et présente de la fermeté et de la solidité.

À côté est une inscription fort bien ajustée dans la partie supérieure d’une grande grille d’hôtel. On a saisi avec d’autant plus de plaisir l’occasion de rapporter cet exemple, qu’il est à peu près unique dans son genre, et cependant très-admissible dans bien des occasions.

Quant aux autres objets qu’on voit sur la même planche, ce sont deux grilles légères et bien ajustées ; l’une est celle d’un tombeau. Au-dessus, est un chiffre, en fer carré, placé au milieu des panneaux d’une grille à deux ventaux, rue de Ménars.

Planche 23.

La grille de l’École de Médecine est représentée ici dans son état actuel, c’est-à-dire dépouillée d’une grande partie de ses ornemens. Elle offre une réunion de richesse et de solidité qui la rendent recommandable : hormis les panneaux supérieurs, qui semblent un peu nuds, le reste de cette grille est ce qu’il doit être. Le couronnement qui garnissait le demi-cercle de l’arcade qui est au-dessus, et le chiffre, ou les fleurs de lys, qui étaient placés dans la partie ronde des panneaux du bas, ont été détruits pendant nos troubles révolutionnaires. L’exécution de cet ouvrage ne laisse rien à désirer.

Des deux motifs gravés à droite et à gauche de cette grille, l’un est tiré des galeries de l’église Notre-Dame ; l’autre de la prison dite la Force. Ces deux grilles sont bien ajustées. Celle de la Force a un caractère rude et terrible, parfaitement convenable au lieu qu’elle occupe.

Le reste de la planche ne contient que des portes de sépultures tirées du cimetière du Père Lachaise. Trois d’entre elles sont en fer plat découpé. Celle où l’on remarque deux couronnes l’une au-dessus de l’autre, n’est pleine qu’aux endroits de ces couronnes et du bouton, tout le reste est à jour. La quatrième est pareillement ornée, de deux couronnes en cyprès, bien exécutées et placées l’une à côté de l’autre, sur une partie pleine en fer. Le haut de cette porte est fermé par des panneaux en croisillons à jour.

Planche 24.

À gauche de cette planche est le grillage d’une porte d’allée terminée en demi-cercle. Elle est presque toute en fer. Les barreaux, par leur disposition, l’emplissent bien la forme de la baie, et sont reliés entre eux par des anneaux qui servent en même temps d’ornement.

La grande grille qu’on voit à côté vient de la maison de