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nouvel hôtel du Ministre des finances, rue de Rivoli, l’autre du palais du Louvre. Ce dernier, présenté de face et de profil, quoique plus riche en ornemens que les deux autres, ne leur est cependant pas supérieur en mérite.

La targette, ornée d’un foudre qui termine cette planche, est aussi tirée du Louvre, et due au crayon pur et gracieux de MM. Percier et Fontaine.

Planche 50.

L’espagnolette de l’une des croisées du Louvre, dont cette planche donne la masse et tous les détails dessinés sur une grande échelle, n’a pas besoin d’être décrite minutieusement pour être bien sentie. Il nous suffira de dire que ses ornemens sont de bon choix, bien rendus, et que l’embasse mérite principalement de fixer l’attention. La fiche gravée à côté, appartient à la même croisée. Les deux boutons qui sont au-dessous, et dont l’un est orné d’une tête de Minerve, sont également tirés du Louvre. Tous ces ouvrages sont modernes.

Planche 51.

L’espagnolette placée au milieu de cette planche, et entourée de ses détails gravés sur une grande échelle, est tirée de la galerie d’Apollon au Louvre, et paraît avoir été exécutée sous Louis XIV, Elle est d’une richesse, d’un style d’ornement, d’un précieux de travail dont les exemples sont rares. Aucune de ses parties n’a été négligée, et jusqu’aux fiches de la croisée, aux agrafes des volets, tout porte un caractère de grandeur et de noblesse qui fait honneur à l’artiste qui en a donné le dessin, à l’homme habile qui l’a rendu avec autant de perfection.

La poignée du verroux de la grande porte de l’église St.-Sulpice, dont cette planche offre le dessin, est très-originale, d’une forme gracieuse et d’une très-belle exécution. Pour l’empêcher de pendre sur la tige du verrou qu’elle sert à lever ou baisser, on la fixe ordinairement levée, au moyen d’un bouton placé au sommet, ainsi qu’on peut le voir sur le profil que nous avons gravé à côté.

Nota. C’est par erreur que le graveur n’a pas donné à la rosace qui orne ce bouton, dans la poignée vue de face, l’ornement qu’elle porte en exécution, et qu’il a figuré à côté du profil de ce même bouton.

Cette planche contient, de plus, six jolis boutons de serrure dont les originaux se voient dans le Louvre. L’un est celui de la célèbre grille de Maison ; un autre appartient à la serrure gravée planche 40.

Planche 52.

Des objets réunis sur cette planche, le plus intéressant est la serrure gothique offerte ici comme exemple des ouvrages d’adresse et de patience, que les aspirans à la maîtrise étaient tenus jadis d’exécuter pour obtenir leur admission. À la vue de ce que la curiosité a conservé de ces sortes d’ouvrages, on doit conjecturer que le goût, la science du dessin étaient comptés pour bien peu de chose par ceux qui devaient prononcer sur le mérite des objets présentés au concours, et que la difficulté vaincue était pour eux le point important. On conviendra qu’un tel usage, qui existait déjà au temps de Charles V, et qui n’a reçu de modifications favorables aux progrès de la science qu’en 1699, était bien ridicule, puisqu’il ne tendait qu’à produire des artisans plus adroits que savans. La serrure que nous donnons, a été exécutée il y a environ un siècle, par un nommé Bridou. On en trouve la gravure, avec tous les détails de construction, dans l’Art du Serrurier, publié en 1767 par l’Académie : nous y renvoyons ceux qui voudront en savoir davantage que ce que le plan de notre ouvrage nous permet d’en donner. Cette serrure est celle d’un coffre-fort, dans l’épaisseur duquel toutes les garnitures doivent être logées, puisqu’elle doit être présentée en dehors. Elle y est attachée au moyen d’un moraillon fixe sur le couvercle du coffre, et qui se rabat au moyen d’une charnière. Deux auberons entrent dans la serrure, où ils sont retenus par deux pênes marchant conjointement en sens contraire. Comme cela doit être dans toutes les serrures qui se placent en dehors de l’objet qu’elles doivent fermer ; la palâtre de celle-ci est extérieure ; l’entrée pour la clef est cachée derrière la petite figure de saint, laquelle se baisse en avant au moyen d’une charnière, et se tient ensuite relevée sur la palâtre par un petit ressort placé au haut. On voit, par la forme de la clef, quel soin on mettait dans ces sortes d’ouvrages, et combien ils exigeaient de dextérité et de patience. On voit aussi par les garnitures qu’elle indique, combien l’art était peu avancé sous ce rapport, puisque de semblables serrures ne pouvaient se fermer qu’à un demi-tour, et que peu de chose suffisait pour les déranger. Ce que ces serrures offrent de plus remarquables, c’est la manière dont les ornemens à jour sont travaillés et disposés. Trois lames minces différemment évidées, et toutes davantage l’une que l’autre, se glissaient dans des coulisses destinées à les recevoir, la plus largement ouvragée au-dessus, et la moins au-dessous, de manière que l’on apercevait au travers de la première le travail de la seconde et de la troisième, ce qui produisait, au premier aspect, un effet de refouillement étonnant. Cette disposition sera suffisamment sentie par les détails gravés à côté.

Sur la même planche sont deux autres entrées de serrures gothiques. L’une, qui se voit aux petites portes latérales de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, est ornée de deux figures ; l’autre vient de l’église Saint-Eustache : sa décoration pourrait faire croire qu’elle est consacrée à Saint-Hubert.

Au haut de la planche est une serrure moderne à tour et demi, avec son loquet ; le reste est occupé par une poignée, une agrafe de volet, un fragment d’espagnolette, qui méritaient d’être admis dans ce recueil d’objets choisis.

Planche 53.

Cette planche est remplie par une suite de petits verroux ou targettes tirés des châteaux et autres édifices du siècle de la renaissance des arts, et principalement du magnifique château d’Écouen.

Parmi ces objets, qui ne se rencontrent plus que dans les cabinets de curiosités, on en verra plusieurs d’une forme originale et ajustés avec ce goût, cette recherche qu’on admire dans les moindres productions de l’époque.

On y a ajouté un dessin de la serrure de la chapelle d’Écouen. Ce morceau, par la manière élégante et gracieuse dont il est composé, était digne d’être publié ici ; il