Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LIVRE SECOND.

DU VERBE.

§ 38. Si l’on dit, Dieu juste, je ne vois dans ces deux mots qu’un substantif et un adjectif, et je sens que la pensée n’est pas complète. Mais si l’on dit, Dieu est juste, celui qui parle ainsi affirme évidemment que la qualité de juste appartient à Dieu.

Le mot est, qui exprime cette affirmation, se nomme Verbe. Dieu est le sujet, c’est-à-dire ce dont on parle ; juste est l’attribut, c’est-à-dire la qualité que l’on attribue au sujet. L’ensemble de ces trois termes forme une proposition.

Dans la proposition, Dieu est juste, les trois termes sont exprimés séparément, et le verbe est unit l’attribut au sujet. On le nomme verbe substantif ou abstrait.

Dans cette autre proposition, le soleil brille, l’idée du verbe être et celle de l’attribut sont exprimées par le seul mot brille, qui équivaut à est brillant. Le mot brille est encore un verbe, puisqu’il contient l’affirmation ; et, comme il contient en même temps l’attribut, on le nomme verbe attributif ou concret.

Tout verbe attributif exprime l’état ou l’action du sujet, et tous les verbes, excepté être, sont attributifs. En effet, je lis signifie je suis lisant ; j’écoute, je suis écoutant}} ; j’aime, je suis aimant.

VOIX DES VERBES.

§ 39. En examinant ces deux propositions, 1º l’homme juste aime la vertu ; 2º l’homme juste est aimé de ses semblables, nous trouvons que le sujet de l’une et de l’autre est l’homme juste. Dans la première, le sujet fait une action, et cette action passe sur un objet étranger, qui est ici la vertu ; le verbe est actif ou transitif. Dans la seconde, le sujet n’agit pas, il reçoit l’action d’autrui, il l’éprouve, il la souffre ; le verbe est passif[1].

Pour exprimer ces deux situations du sujet, le verbe transitif

  1. Actif vient d’agere (agir), Transitif de transire (passer), Passif de pati (souffrir}.