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§ 272. NI, οὐδέ, μηδέ, οὔτε, μήτε.

Vient ensuite ni, qui contient deux idées, celle de liaison et celle de négation, et qui, en grec comme en latin, est composé de deux mots, οὐ-δέ, ne-que : ξένος ὁ ἄνθρωπος ἐπὶ τῆς γῆς · ταχὺ οὐκ ἔσεται, οὐδὲ μνήμη αὐτοῦ, l’homme est étranger sur la terre ; il ne sera bientôt plus, ni lui, ni sa mémoire.

οὐδέ et μηδέ signifient souvent non plus (neque) ; pas même (ne quidem).

Dans le sens de ni, ils se mettent partout où, sans négation, on mettrait δέ.

οὔτε et μήτε répondent plus exclusivement au français ni. Ils se mettent partout où, sans négation, on mettrait καί.

§ 273. I. MAIS, δέ, verò, autem.

La conjonction δέ unit deux propositions, et annonce que la seconde restreint la première. Elle est opposée à l’adverbe μέν, comme en latin verò l’est à quidem : ἡ μὲν ῥίζα τῆς παιδείας πικρὰ, οἱ δὲ καρποὶ γλυκεῖς, la racine de la science est amère, mais les fruits en sont doux.

Souvent ces mots μέν et δέ ne servent qu’à mettre deux propositions en regard l’une de l’autre sans les opposer : τὸν μὲν Θεὸν φοϐοῦ, τοὺς δὲ γονεῖς τίμα, Isoc. : crains Dieu, et honore tes parents ; m. à m. μέν d’un côté... δέ, d’un autre côté...

Souvent aussi δέ est une simple liaison comme καί.

II. MAIS, ἀλλά, sed.

ἀλλά marque une opposition plus forte que δέ. Il unit deux propositions, et annonce que la seconde contredira la première, qui très souvent est négative : μὴ μόνον ἐπαινεῖτε τοὺς ἀγαθοὺς, ἀλλὰ καὶ μιμεῖσθε, Isoc. : non seulement louez les gens de bien, mais encore imitez-les[1].

On peut ranger dans la même classe que δέ et ἀλλά tous les mots ou collections de mots qui expriment quelque restriction, comme μέντοι, καίτοι, ἀλλὰ μήν, οὐ μὴν ἀλλά, qui tous reviennent aux mots français cependant[2], toutefois, néanmoins.

  1. ἀλλά ne diffère que par l’accent du pluriel neutre d’ἄλλος. Il signifie donc autrement, et par-là convient très bien à l’énonciation d’une pensée contraire à la pensée précédente.
  2. Cependant veut dire pendant cela. C’est donc un véritable adverbe. Mais cet adverbe peut être appelé conjonction, parce que ce rappelle nécessairement quelque chose qui précède.
    Et en général, rappeler un terme antécédent est le seul caractère essentiel qui distingue la conjonction de l’adverbe ordinaire. Aussi est-il tout-à-fait indifférent d’appeler adverbes ou conjonctions μέντοι, καίτοι, et autres semblables. Une analyse exacte prouverait même que l’adverbe et la conjonction ne sont réellement qu’une seule et même partie du discours.