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du bonheur et des avantages, développements grâce auxquels ces êtres, au sein même des conditions visibles, deviennent heureux, pour, ensuite, après avoir fait leur temps, renaître dans les bonnes voies de l’existence. Alors ils jouissent abondamment, là où ils naissent, de tous les plaisirs ; ils entendent la loi, et l’ayant entendue ils sont dégagés de toute espèce de ténèbres ; et ils s’appliquent successivement à la loi de celui qui sait tout, chacun selon sa force, sa part, son objet et sa situation.

De même, ô Kâçyapa, que le grand nuage, après avoir couvert la totalité de cet univers formé d’un grand millier de trois mille mondes, verse son eau partout également, et rafraîchit également de son eau toutes les herbes, tous les buissons, toutes les plantes médicinales et tous les rois des forêts ; de même que les herbes, les buissons, les plantes médicinales et les rois des forêts boivent cette eau, chacun selon sa force, sa part, son but et sa situation, et que tous ces végétaux parviennent au développement assigné à leur espèce ; de même, ô Kâçyapa, la loi qu’expose le Tathâgata vénérable, etc., cette loi est la loi universelle de tous ; elle est d’une seule et même nature, et sa nature, c’est celle de l’affranchissement, de l’indifférence, de l’anéantissement, en un mot c’est le terme auquel aboutit la science de celui qui sait tout. Alors, ô Kâçyapa, les êtres qui écoutent le Tathâgata exposant la loi, qui la possèdent, qui s’y appliquent, ces êtres ne se connaissent pas, ne se savent pas, ne se comprennent pas eux-mêmes. Pourquoi cela ? C’est que, ô Kâçyapa, c’est le Tathâgata seul qui connaît réellement ces êtres, qui voit avec certitude, qui sait réellement qui, comment et quels ils sont ; qui sait à quoi ils pensent, comment ils pensent, par quoi ils pensent, ce qu’ils imaginent, comment ils imaginent, par quoi ils imaginent, ce qu’ils atteignent, comment et par quoi ils atteignent cela.

De même, ô Kâçyapa, connaissant la loi dont la nature est homogène, dont la nature est celle de l’affranchissement et du Nirvâna, qui aboutit au Nirvâna, qui repose perpétuellement dans le Nirvâna, dont le terrain est homogène, qui a pour étendue l’espace, je sais, par égard pour les inclinations des êtres, ne pas déployer tout d’un coup la science de celui qui sait tout aux yeux des créatures placées chacune dans des positions diverses, basses, élevées ou moyennes, comme sont les herbes, les buissons, les plantes médicinales et les rois des forêts. Vous êtes étonnés, vous êtes surpris, ô Kâçyapa, de ce que vous ne pouvez comprendre le langage énigmatique