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76. On voit aussi d’excellents oreillers, pleins de coton et recouverts d’une soie moelleuse, dont sont ornés ces chars, on y trouve étendus d’excellents tapis portant des images de grues et de cygnes, et valant des milliers de kôtis.

77. On y voit des bœufs blancs, parés de fleurs, vigoureux, d’une grande taille, de belle apparence, qui sont attelés à ces chars faits de substances précieuses, et qui sont dirigés par un grand nombre de domestiques.

78. Tels sont les beaux, les excellents chars que cet homme donne à tous ses enfants ; et ceux-ci contents et le cœur ravi de joie, parcourent, en se jouant avec ces chars, tous les points de l’horizon et de l’espace.

79. De la même manière, ô Çârisuta, moi qui suis le grand Richi, je suis le protecteur et le père des créatures ; et ce sont mes enfants que tous ces êtres, qui, dans l’enceinte des trois mondes, sont ignorants et enchaînés par la concupiscence.

80. Et l’enceinte des trois mondes est, comme cette maison, extrêmement redoutable, troublée de cent maux divers, complètement embrasée de tous côtés par des centaines de misères, comme la naissance, la vieillesse et la maladie.

81. Et moi, qui suis délivré des trois mondes, je me tiens ici dans un lieu solitaire, et je réside dans la forêt ; et la réunion des trois mondes est cette demeure qui m’appartient, dans laquelle sont consumés les êtres qui sont mes enfants.

82. Et moi, je leur montre la détresse où ils se trouvent dans le monde, car je connais le moyen de les sauver ; mais eux, ils ne m’écoutent pas, parce qu’ils sont tous ignorants, et que leur intelligence est enchaînée par les désirs.

83. Alors je mets en usage mon habileté dans l’emploi des moyens, et je leur parle de trois véhicules. Et connaissant les nombreuses misères des trois mondes, je leur indique un moyen propre à les en faire sortir.

84. Et à ceux de ces enfants qui se sont réfugiés auprès de moi, qui possèdent les six connaissances surnaturelles et le grand pouvoir de la triple science, qui sont, en ce monde, des Pratyêkabuddhas ou qui sont des Bôdhisattvas, incapables de se détourner de leur but,

85. A ces sages qui sont pour moi comme mes enfants, j’expose en ce moment, au moyen d’une excellente parabole, le suprême, l’unique véhicule du Buddha : Acceptez-le, [leur dis-je,] vous deviendrez tous des Djinas.

86. [Je leur expose] aussi la science des Buddhas, des Meilleurs des hommes, cette science excellente, extrêmement agréable, que rien ne surpasse ici dans le monde entier, dont la forme est noble et qui est digne de respect ;

87. Ainsi que les forces, les contemplations et les affranchissements, les nombreuses centaines de kôtis de méditations ; c’est là le char excellent avec lequel se divertissent sans cesse les fils de Buddha.