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et les séparations en fussent détruits ; que des vautours y habitassent par milliers, ainsi que des pigeons et des chouettes, et d’autres oiseaux.

Qu’on y trouvât à chaque pas des serpents terribles, venimeux, redoutables ; des scorpions et des rats de diverses espèces, que cette maison fut la demeure de mauvaises créatures de ce genre.

38. Qu’on y rencontrât çà et là des êtres n’appartenant pas à l’espèce humaine ; qu’elle fût infectée d’excréments et d’urine, remplie de vers, de mouches lumineuses et d’insectes ; qu’elle retentît des hurlements des chiens et des chacals.

39. Qu’on y trouvât des loups féroces, qui se repaissent de cadavres humains, et qui recherchent les matières qui en découlent ; qu’elle fût pleine de troupes de chiens et de chacals.

40. Faibles et exténués par la faim, ces animaux s’en vont mangeant dans tous les coins ; ils se querellent et aboient. Voilà quelle est cette maison redoutable.

41. Elle est habitée par des Yakchas aux pensées cruelles, qui se nourrissent de cadavres humains ; on y rencontre à chaque pas des centipèdes, de grands serpents et des reptiles marqués de taches.

42. Ces reptiles y déposent leurs petits dans tous les coins et s’y font des retraites ; les Yakchas dévorent le plus souvent ces animaux dispersés çà et là.

43. Et quand ces Yakchas aux pensées cruelles se sont rassasiés des corps des animaux dont ils se repaissent, tout gonflés de la chair qu’ils ont dévorée, ils se livrent de cruels combats.

44. Dans les chambres dégradées habitent de terribles Kumbhândakas aux pensées cruelles, les uns de la hauteur d’un empan, les autres de la hauteur d’une coudée, d’autres ayant deux coudées de hauteur ; ils vont rôdant de tous côtés.

45. Saisissant des chiens par les pieds, ils les renversent à terre sur le dos, et leur serrant le gosier en grondant, ils se plaisent à les suffoquer.

46. Il y habite des Prêtas nus, noirs, faibles, hauts et grands, qui dévorés par la faim, cherchent de la nourriture et font entendre, çà et là des cris lamentables.

47. Quelques-uns ont la bouche comme le trou d’une aiguille, d’autres ont une tête de bœuf ; semblables pour la taille à des chiens plutôt qu’à des hommes, ils vont les cheveux en désordre, poussant des cris et dévorés par la faim.

48. On voit, aux fenêtres et aux ouvertures, des Yakchas, des Prêtas et des Piçâtchas, affamés et cherchant de la nourritures, qui ont constamment les regards dirigés vers les quatre points de l’horizon.

49. [Supposons donc] que cette maison soit la demeure redoutable de tous ces êtres ; qu’elle soit haute, grande, peu solide, crevassée de toutes parts, tombante en ruines, effrayante, et qu’elle soit la propriété d’un seul homme.