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APPENDICE. — N° X.

tant[1]. Je crois avoir trouvé dans un des édits de Piyadasi un mot correspondant à ce terme qui veut dire certainement « vice, imperfection morale, » quoique, si je ne me trompe, la signification de ce mot paraisse, en un endroit au moins, un peu plus restreinte que celle du sanscrit âçrava. Ce qui m’engage à en entretenir le lecteur, c’est d’une part, que les Pandits de Calcutta n’en ont pas saisi le vrai sens, et, d’autre part, qu’il rappelle singulièrement l’explication que les Buddhistes chinois donnent du sanscrit âçrava. C’est de plus un terme qui, pour appartenir primitivement à la langue brâhmanique, est devenu presque propre aux Buddhistes par l’usage spécial qu’ils en ont fait. Si donc je le retrouve dans les inscriptions de Piyadasi, ce sera un trait de plus par lequel ces inscriptions se rattacheront à la langue et aux doctrines des Buddhistes de toutes les écoles.

Le mot dont je veux parler est âsinavê (au nominatif sing. masc.), qui paraît dans celui des édits du pilier de Firouz qui regarde le nord ; il s’y lit trois fois, une première fois en composition à la ligne 11, puis une seconde et une troisième fois à la ligne 18 et 20, et alors sous sa véritable forme. Comme le sens de ce terme dépend de ceux qui l’entourent, je citerai intégralement le passage où il paraît ; et comme ce passage occupe la fin de l’édit de Piyadasi dont j’ai expliqué les dix premières lignes au commencement du paragraphe 1er à l’occasion du mot anyatra, le lecteur qui réunira le présent paragraphe 2 à celui qui le précède immédiatement, aura l’explication complète de l’édit entier qui regarde le nord sur la colonne de Delhi et sur les autres colonnes, comme celles de Mathia, Radhia et Allahabad, qui le reproduisent exactement, sauf quelques lacunes, et quelquefois avec de meilleures leçons. La lecture de Prinsep n’étant pas contestable, je me crois dispensé d’employer ici le caractère même des inscriptions. J’ai seulement fait usage, en transcrivant le texte, de quelques bonnes leçons que fournit la copie du major Pew[2] et le fac-similé du capitaine Smith[3].

Après les mots terminant le premier paragraphe de l’édit dont je parle, dham̃mêna gôtîti, « et la protection par la loi, » le roi annonce qu’il va promulguer un nouvel acte de sa volonté par la formule ordinaire, « Piyadasi a dit, » formule que suit le texte qu’il faut examiner.


10 Dêvânam̃ piyê Piyadasi lâdjà | 11 hévam̃ âhâ dham̃mê sâdhu kiyam̃tcha dham̃mêti apâsinavé bahukayâné | 12 dayâ dânê satchê sôtchayê [iti] tchakhu dânêpi me bahuvidhê dim̃nê dupada | 13 tchatupadêsu pakhivâlitchalêsu vividhê mê anugahê kaṭê apâna | 14 dakhinâyé am̃nânipitcha mê bahûni kayânâni kaṭâni êtâyé mê | 15 athâyê iyam̃ dham̃malipi likhâpitâ hêvam̃ anupatipadjam̃tu tchiram̃ | 16 thitikâtcha hôtûti yêtcha hêvam̃ sam̃paṭipadjisati sê sukaṭam̃ katchhatîti. | 17 Dêvânam̃ piyê Piyadasi hêvam̃ âhâ kayânam̃mêva dêkhati iyam̃ mê | 18 kayânê kaṭêti nômina pâpam̃ dêkhati iyam̃ mê pâpé kaṭêti iyamvâ âsinavê | 19 nâmâti dupaṭivêkhê tchukhô êsê hêvam̃ tchakhô êsa dêkhiyê imâni | 20 âsinavâ gâmini nâma atha tcham̃ḍiyê

  1. Ci-dessus, ch. i, f. 1, p. 288, et ch. v, f. 75 a, p. 379.
  2. Prinsep, Further Elucidation of the Lâṭ, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VI, 2e part.  p. 796 et pl. XLII.
  3. id. ibid. t. VI, 2e part.  p. 965 et pl. LVI.