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APPENDICE. — N° X.

tchhudakêna, dont le neuvième édit de Girnâr me fournit le simple tchhuda. Voici le passage même où ce mot se présente, l. 3 de la copie de Westergaard : Êta tu mahiḍâyô bahukam̃tcha bahuvidham̃tcha tchhudam̃tcha niratham̃tcha mam̃galam̃ karôtê. « Or dans ce cas, l’homme d’une grande fortune célèbre des fêtes, et de nombreuses et de variées, et de pauvres et d’inutiles[1]. » Il n’y a qu’un mot dans ce passage qui me paraisse faire encore difficulté, c’est mahiḍâyô, qui est très-distinctement écrit de cette manière sur la copie de Westergaard, tandis que Prinsep le lit mahâdâyô, ce que Wilson traduit par « une personne d’une grande bienveillance. » Pour que cette version pût être admise, il faudrait que mahâdâyô fût en effet la lecture exacte ; mais la copie de Westergaard ne permet pas de le croire, et M. Norris lit à Kapur-di-giri, striyaka ou plutôt sriyaka. J’avoue que j’aimerais à voir cette dernière lecture confirmée par un nouvel examen du monument ; elle nous donnerait le sens de « l’homme d’une grande prospérité, » sens que j’ai toujours admis en attendant, comme cadrant mieux avec cette idée de fêtes variées et nombreuses, qu’un homme riche peut seul célébrer. La leçon de Prinsep, mahâdâyô, nous fournirait aussi ce sens, si l’on pouvait la corriger en mahâdayô, « l’homme doué d’une « grande prospérité. » Celle de Westergaard paraît cependant nous conduire plus directement au but ; car en lisant mahiḍiyô, au lieu de mahiḍâyô, on y trouverait peut-être un synonyme de mahiḍḍhikô, mot bien connu en pâli pour signifier « celui qui est doué d’une grande puissance. »

Les mots suivants sont tous intelligibles, pourvu toutefois qu’on admette la lecture que je propose pour tchhudam̃tcha. La manière dont M. Wilson traduit niratham̃, pour nirartham, où il voit le sens de « sans but », c’est-à-dire « désintéressé, » dépend uniquement de la signification qu’il attribue au sujet mahiḍâyô. À mes yeux, le sens est celui-ci : le roi fait remarquer que l’homme, dans les circonstances solennelles de la vie, célèbre des fêtes religieuses plus ou moins brillantes, par lesquelles il veut exprimer sa joie pour le passé et se rendre les dieux favorables pour l’avenir ; que l’homme fortuné en célèbre de nombreuses et de diverses espèces, parmi lesquelles il en est de peu de valeur et de tout à fait inutiles ; qu’on peut cependant se livrer à de telles solennités, mais que de pareilles fêtes produisent bien peu de fruit, auprès de la fête de la loi qui seule en rapporte de grands. Selon cette interprétation, {{lang|sa-Latn|niratham̃}} garde exactement son sens ordinaire, et ce sens sert à confirmer celui que j’assigne à tchhudam̃tcha, pour le sanscrit kchudram̃tcha.

§ 2. sur le mot âsinavâ des édits de piyadasi.

J’ai eu plus d’une occasion de signaler le mot sanscrit âçrava, en pâli âsava, qui, dans les textes du Nord comme dans ceux de Ceylan, désigne le mal moral et les vices d’une manière collective ; et j’ai promis d’examiner ; dans l’Appendice, no XIV, de quelle manière des Buddhistes étrangers à l’Inde, comme les Chinois, entendent ce terme impor-

  1. Westergaard et Jacob, dans Journ. of the Bombay roy. asiat. Soc. no V, avril 1843 ; Prinsep, On the Edicts of Piyadasi, etc. dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VII, 1re partie, p. 239 et 267 ; Wilson, On the Rock inscript. etc. dans Journ. roy. as. Soc. of Great-Britain, t. XII, p. 203 et 206, et p. 51 du tirage à part.