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APPENDICE. — N° X.

rons-nous maintenant à ces trois mots qui veulent dire littéralement, « sauf cela de lui-même ? » Si añata représente bien ici, comme je cherche à l’établir, le sanscrit anyatra, et s’il a réellement la signification de « sauf, excepté, » la logique semble vouloir qu’on traduise « sauf cela, » c’est-à-dire cette gloire, qui est « pour lui-même, « c’est-à-dire qu’il veut pour lui-même. Le roi en effet vient de déclarer qu’il ne regarde pas la gloire et la renommée comme produisant de grands avantages ; s’il excepte quelque chose, c’est sans doute uniquement la gloire qu’il ambitionne, savoir, celle de voir son peuple obéir à la loi et en observer les prescriptions. Cette courte phrase si concise reçoit toute sa lumière de ce qui la précède et de ce qui la suit.

La proposition suivante ne peut donner lieu à aucun doute. Je l’entends à peu près comme Prinsep et surtout M. Wilson ; seulement je l’agence autrement que ne fait ce dernier avec ce qui précède, d’où résulte en définitive une différence considérable dans l’interprétation totale du passage. Les mots dighâyatcha mê djanâ signifient « et pour longtemps par mon peuple. » Je n’ajoute pas d’anusvâra final à dham̃masusum̃sâ, « obéissance à la loi ; » cette finale manque dans toutes les copies, quoique je la trouve au mot dham̃mavutam̃. Il faudrait, pour la rétablir, lire avec un ă bref susum̃sam̃ à l’accusatif ; mais je regarde ce mot comme un nominatif féminin, ainsi que sususatâ, que donne la copie de Westergaard, et non sususatam̃, comme écrit M. Wilson en divisant à tort en deux mots sususa tam̃ ; ailleurs ce mot est écrit avec le second û long. Je rends l’anusvâra, non à cette lecture fautive, mais à la désinence atâm̃ du verbe anuvidhiyatâm̃, que nous allons voir tout à l’heure ; de sorte que susasatâm̃, qui est la véritable leçon, est la troisième personne de l’impératif moyen, avec le sens passif, du verbe sususa, « désirer d’écouter, obéir. » La proposition signifie donc littéralement, « et que pour longtemps par mon peuple l’obéissance à la loi soit obéie, » locution surabondante qui veut donner un peu plus de force à l’idée « qu’ils obéissent à la loi. » La copie de Westergaard offre distinctement le mot dham̃mavutam̃, tandis que les autres textes ont dham̃mavatam̃. La première de ces leçons part du sanscrit dharmavrĭtam̃, la seconde de dharmavratam̃ ; elles doivent également signifier « le devoir ou l’exécution de la loi. » Ce mot est le sujet du verbe anuvidhiyatâm̃, « qu’elle soit observée comme une loi ; » c’est la troisième personne singulière de l’impératif passif d’un verbe nominal tiré de vidhi, « loi. »

Le mot êtakâya, d’après Westergaard, et êtakâyé à Kapur-di-giri, commence une phrase nouvelle qui se rattache à ce que nous venons d’expliquer par ce mot même. M. Wilson le divise à tort en deux mots, êta kâya ; il répond au pâli êttakâya, datif de êttaka, « autant, tout autant, » et au datif, « pour autant, pour cela seulement. » Ici,

    crit qui veut que la formative du participe adverbial change selon la présence ou l’absence d’un préfixe destiné à modifier la racine. Mais si l’on admet avec Lassen que le groupe ptâ représente dans les inscriptions de Piyadasi le suffixe sanscrit tvâ, on lira ârabhitvâ, « ayant mis à mort. » Il restera encore le verbe padjuhitavyam̃ qui est certainement difficile ; mais si au lieu de hi il était possible de lire , on aurait padjuhôtavyam̃ de ha, « sacrifier, » forme peu régulière sans doute, mais après tout possible dans un dialecte aussi altéré, et l’on traduirait : « Ici il ne faut pas sacrifier après avoir mis à mort un être vivant quel qu’il soit ; » ce qui revient à dire, « il ne faut pas célébrer le sacrifice en mettant à mort un être vivant quel qu’il soit. » Du reste, quelle que soit la lecture, le sens ne peut être douteux.