surprise et d’étonnement. Comment comprends-tu cela, ô Çâriputtra ? N’est-ce pas un mensonge de la part de cet homme, d’avoir ainsi désigné dans le principe à ses enfants trois chars [différents], et de leur avoir ensuite donné à tous de grands chars, de nobles chars [de la même espèce] ?
Çâriputtra répondit : Non Bhagavat, non Sugata. Cet homme, ô Bhagavat, n’est pas à cause de cela un menteur ; car c’est par le moyen adroit qu’a employé cet homme que ses enfants ont été engagés à sortir de cette maison embrasée, et qu’ils ont reçu le présent de la vie. Pourquoi cela ? Parce que c’est pour avoir recouvré leur propre corps, ô Bhagavat, qu’ils ont obtenu tous ces jouets. Quand bien même, ô Bhagavat, cet homme n’eût pas donné un seul char à ses enfants, il n’eût pas été pour cela un menteur. Pourquoi cela ? C’est que, ô Bhagavat, cet homme a commencé par réfléchir ainsi : Je sauverai, par l’emploi d’un moyen convenable, ces enfants de cette grande masse de douleurs. De cette manière même, ô Bhagavat, il n’y aurait pas mensonge de la part de cet homme. Mais quelle difficulté peut-il exister, quand après avoir réfléchi qu’il est propriétaire de maisons, de greniers et de trésors nombreux, cet homme songeant combien ses enfants lui sont chers, et voulant leur bien, leur donne [à chacun] des chars de la même couleur et de la même espèce, c’est-à-dire de grands chars ? Il n’y a pas, ô Bhagavat, mensonge de la part de cet homme.
Cela dit, Bhagavat parla ainsi au respectable Çâriputtra : Bien, bien, Çâriputtra ; c’est comme cela, Çâriputtra ; c’est comme tu dis. De la même manière, ô Çâriputtra, le Tathâgata aussi, vénérable, etc., est exempt de toute terreur, délivré entièrement, complètement, tout à fait, de toute injure, de tout désastre, du désespoir, de la douleur, du chagrin, de l’aveuglement profond où plongent les ténèbres épaisses et l’obscurité de l’ignorance. Le Tathâgata, qui est complètement en possession de la science, de la force, de l’intrépidité, et de la loi d’homogénéité d’un Buddha, qui est doué d’une extrême vigueur par la force de sa puissance surnaturelle, est le père du monde ; il est parvenu à la perfection suprême de la grande science de l’habile emploi des moyens ; il est doué d’une immense compassion ; son cœur ne connaît pas la peine ; il désire le bien, il est miséricordieux. Il naît dans cette réunion des trois mondes qui est semblable à une maison dont la couverture et la charpente tombent en ruine, et qui est embrasée par la masse énorme des douleurs et des chagrins, pour affranchir