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APPENDICE. — N° IX.

être entendue au propre et non au sens figuré ; c’est dans le premier sens qu’elle est prise chez les Brâhmanes, auxquels elle est aussi familière qu’aux Buddhistes.


No X.
SUR ANYATRA ET SUR QUELQUES PASSAGES DES ÉDITS RELIGIEUX DE PIYADASI.
(Ci-dessus, chap.  iii, f. 39 a, p. 364.)

Il me suffira de quelques mots pour indiquer le principal objet de cette note, et pour expliquer, comment il se fait que l’examen de plusieurs passages encore obscurs des inscriptions buddhiques de Piyadasi soit introduit en cet endroit à l’occasion d’une locution qui, pour reparaître très-fréquemment dans les livres buddhiques, appartient toutefois également à la langue classique des Brâhmanes, et n’a pas avec le dialecte de ces inscriptions un rapport plus intime que diverses autres locutions usitées à la fois dans le sanscrit buddhique du Nord et dans le pâli de Ceylan. On a pu remarquer, en parcourant les notes consacrées à l’interprétation de divers passages difficiles du Lotus, combien de fois j’ai eu recours aux textes singhalais rédigés en pâli. On a dû en même temps reconnaître que le secours qui m’était fourni par ces derniers textes consistait non pas seulement dans des analogies isolées de termes spéciaux et dans des comparaisons purement verbales, mais bien plutôt et plus souvent dans des expressions quelquefois compliquées, dans des combinaisons et des alliances d’idées qui reposent sur l’identité primitive des doctrines et du langage destiné à les exprimer. Je rappelle ce fait, parce qu’il faudra en tenir grandement compte quand on examinera la question, d’ailleurs si difficile, de savoir en quelle, langue ont été primitivement recueillis les enseignements de Çâkyamuni Buddha. Quant à présent, il me paraît établi qu’on ne peut se dispenser de l’étude des textes pâlis de Ceylan, si l’on veut procéder avec quelques chances de succès à l’interprétation des textes sanscrits du Nord. Cette étude comparée aide en effet singulièrement à l’intelligence de cette double classe de textes ; elle met en relief des traits et des particularités qui, pour ne pas s’être conservés sous la même forme dans les deux collections, n’en appartiennent pas moins au fonds primitif et indien des écritures buddhiques.

Partant de ce fait dont on trouvera des preuves d’autant plus nombreuses qu’on pénétrera plus avant dans la connaissance des deux collections, j’ai dû ne pas exclure de mon examen les inscriptions en dialecte mâgadhî qu’on attribue généralement au roi buddhiste Açôka, qui y porte le nom de Piyadasi. Je n’ignore pas qu’un homme éminent a jeté des doutes sur bette attribution proposée dans le principe par Turnour et par J. Prinsep, et récemment adoptée par Lassen. Mais comme c’est justement sur les idées et les expressions morales dont ces inscriptions abondent que s’est appuyé M. Wilson pour contester la justesse de l’opinion qui les regarde comme buddhiques, l’examen de ces curieux monuments auquel j’étais naturellement amené en rassemblant les matériaux de mon second volume de l’Histoire du Buddhisme indien, s’est trouvé faire partie intégrante de la com-