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APPENDICE. — N° VIII.


SECTION IV.
DE L’EMPREINTE DU PIED DE ÇAKYA.

En examinant le trente et unième des signes caractéristiques d’un grand homme, qui consiste dans l’existence d’un Tchakra ou d’une roue lumineuse que l’imagination des Buddhistes se figure trouver sous la plante des pieds du Buddha, j’ai dit que ce caractère nous conduisait naturellement à cette célèbre empreinte du pied de Çâkyamuni que les Singhalais se flattent de posséder au sommet de la montagne connue des navigateurs et des géographes sous le nom de Pic d’Adam[1]. Cette empreinte et d’autres semblables ont été si souvent décrites par les voyageurs, que je croirais inutile d’en parler ici de nouveau, si le Dharma pradîpikâ singhalais ne donnait une énumération exacte des signes variés que l’imagination des Buddhistes se figure y reconnaître[2]. Or comme nous possédons un dessin

  1. J. Low, On Buddha, dans Transact. of the roy. Asiat. Soc. of Great-Britain, t. III, p. 62 et suiv.
  2. Je me contente d’indiquer ici rapidement les autorités les plus anciennes qui constatent l’existence d’une empreinte du pied sacré chez les peuples buddhistes les plus rapprochés de l’Inde. À Ceylan, le Mahâvam̃sa rapporte la circonstance à l’occasion de laquelle Çâkyamuni imprima la marque de son pied sur le sommet du mont Sumana. (Turnour, Mahâwanso, t. I, chap. 1, p. 7, l. 6.) Au commencement du ve siècle de notre ère, le voyageur chinois Fa-hian en parle vers la fin de sa relation (Foe koue ki, p. 332, 340 et suiv.), et il constate l’existence d’une semblable empreinte dans le pays du Nord qu’il nomme Udyâna. (Foe koue ki, p. 45.) Les navigateurs arabes du ixe au xive siècle rapportent également le fait pour ce qui regarde Ceylan ; mais ils attribuent l’empreinte à la présence d’Adam. (Reinaud, Relat. des voyages des Arabes dans l’Inde, t. I, p. 5 et 6, et t. II, p. 8 et 9 ; le même. Géographie d’Abulféda, t. II, p. 88 et note A ; S. Lee, The Travels of Ibn Batûta, p. 189.) Marco Polo, à la fin du xiii’ siècle, parle de la montagne qu’a rendue célèbre cette empreinte ; mais, avec sa curiosité habituelle, il distingue l’opinion des Singhalais, qui y voient, dit-il, le tombeau de Sogomon (Çâkyamuni), de celle des Musulmans, qui croient qu’Adam y est enterré. (Marsden, Travels of Marco Polo, p. 669 ; Baldelli Boni, Il Milione di Marco Polo, 1. 1, p. 184 et suiv. t. II, p. 431 et suiv. et Voyages de Marco Polo, dans les Mém. de la Soc. de Géographie, t. I, p. 2 1 5.) Barbosa, dans sa Description de Ceylan, mentionne l’empreinte et l’attribue à Adam. (Ramusio, Navigationi et Viaggi, t. I, f. 314 r° et v°, Venet. 1563, folio.) Diego de Couto a un chapitre spécial à la fin de sa cinquième Décade sur la montagne qu’il nomme malalâ Saripadi. (Da Asia de Diogo de Couto, Dec. V, part. II, liv. VI, cap. 11, p. 10 et suiv. Lisb. 1780, in-12.) Bibeiro en parle également, quoique avec moins de détails. (Fatalidade historica dallha da Ceilâo, dans Collecçâo de noticias, etc. dos Nacôes ultramarinas, t. V, p. 67 sqq.) Baldœus en constate l’existence à Ceylan. (Beschreih. Malab. and Coromandel, p. 147 et 415.) On doit mettre sur le même rang l’ancien voyageur anglais, B. Knox (Histor. Relat. of Ceylon, p. 5 et suiv :), auquel il faut joindre Philalethes. (History of Ceylon, p. 210 et suiv.) Mais de tous les autenrs modernes sur Ceylan, ceux que l’on consultera avec le pins d’intérêt sont le Hollandais Valentyn, qui, dans sa Description de Ceylan, parle de la montagne du pied sacré en plus d’un endroit et avec de curieux détails (Keurlicke Beschr. van Coromandel, Vyfde Deel, p. 36, 375 et suiv.), et l’Anglais John Davy, le frère du grand Davy. (Account of the Inter.of Ceylon, p. 342 et suiv.) J’omets quelques autres voyageurs modernes qui ont indiqué le même objet avec plus ou moins de détails, pour passer à Symes, qui à la fin du dernier siècle vit une empreinte du soi-disant pied de Buddha chez les Barmans, à Meadey, non loin de Prome au nord, et qui en a donné une représentation figurée. (Embassy to Ava, p. 247 et 248, avec la planche ; Relat. de l’Ambass. à Ava, t. II, p. 73, pl. VI.) À Siam et dans le Laos, les empreintes de ce genre paraissent plus communes. Baldæus, que je citais tout à l’heure pour Ceylan, rapporte qu’en 1657 des marchands hollandais visitèrent à