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Ensuite les fils des Dêvas prononcèrent dans cette circonstance les stances suivantes :

33. Le grand héros qui n’a pas son égal dans le monde, a fait tourner à Bénarès la roue de la loi, qui anéantit la naissance de l’agrégation [des éléments de la vie].

34. C’est là que le Guide [du monde] l’a fait tourner pour la première fois ; et il la fait tourner ici pour la seconde fois ; car il enseignes aujourd’hui, ô Chef, une loi à laquelle d’autres auront bien de la peine à croire.

35. Beaucoup de lois ont été entendues par nous de la bouche du Chef du monde ; mais jamais nous n’avions entendu auparavant une loi semblable à celle-ci.

36. Nous nous réjouissons, ô grand homme, en entendant le langage énigmatique du grand Richi ; [nous croyons] à la prédiction qui vient d’être faite pour l’intrépide Çâriputtra.

37. Et nous aussi, puissions-nous devenir dans le monde des Buddhas n’ayant pas de supérieurs, [et] capables d’enseigner, à l’aide d’un langage énigmatique, l’état de Bôdhi qui est sans supérieur !

38. Grâce à ce que nous avons fait de bien dans ce monde et dans l’autre, et parce que nous avons réjoui le Buddha parfait, nous sollicitons l’état de Bôdhi !

Ensuite le respectable Çâriputtra parla ainsi à Bhagavat : Je n’ai plus aucun doute, ô Bhagavat ; mes incertitudes sont dissipées, maintenant que j’ai entendu de la bouche de Bhagavat cette prédiction, que je dois parvenir à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Mais ces douze cents [auditeurs] parvenus à la puissance, ô Bhagavat, qui, anciennement placés par toi sur le terrain des Maîtres, ont été l’objet de ce discours et de cet enseignement : "La discipline de ma loi, ô Religieux, aboutit à l’affranchissement de la naissance, de la vieillesse, de la mort et de la douleur, c’est-à-dire qu’elle se résout dans le Nirvâna ; " et ces deux mille Religieux, ô Bhagavat, Çrâvakas de Bhagavat, tant les Maîtres que ceux qui ne le sont pas, tous débarrassés des fausses doctrines relatives à l’esprit, à l’existence, à l’anéantissement, débarrassés, en un mot, de toutes les fausses doctrines, qui se disent en eux-mêmes : "Nous sommes établis sur le terrain du Nirvâna," ces Religieux, dis-je, après avoir entendu, de la bouche de Bhagavat, cette loi qu’ils n’avaient pas entendue précédemment, sont tombés dans l’incertitude. C’est pourquoi, ô Bhagavat, il est bon que tu parles, pour dissiper l’anxiété de ces Religieux, de manière que les quatre assemblées se trouvent délivrées de leurs incertitudes et de leurs, doutes.