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APPENDICE. — N° VIII.

flamme, unique selon les Tibétains, et divisée en forme de trident selon les Singhalais, qui surmonte la tête des statues du Buddha. C’est le signe que j’ai déjà indiqué plus haut, en traitant de la protubérance du vertex de ces statues[1]. Le Mahâvam̃sa est jusqu’ici le seul ouvrage où j’aie rencontré le nom de cet indice singulier. Quant à cette circonstance, que ce signe n’est mentionné que dans la liste singhalaise, je serais tenté d’en inférer que cette liste a été rédigée, ainsi que la description précitée du Mahâvam̃sa, d’après une statue, plutôt que d’après le souvenir du Buddha vivant.

Le lecteur qui aura eu la patience de suivre les analyses qui précèdent, aura remarqué que nos listes offrent entre elles des divergences assez considérables, lesquelles résultent de ce que certains caractères admis par le Lalita vistara manquent aux autres listes. Je ne parle ici que des lacunes véritables ; car toutes les fois que nos listes donnent un attribut analogue à l’un de ceux du Lalita, j’ai noté cet attribut, ou comme synonyme, ou comme substitut probable. Réduites de cette manière, les lacunes réelles de nos trois listes, comparées à celle du Lalita vistara, sont pour le Vocabulaire pentaglotte de dix-huit, pour la liste népalaise de dix-huit, pour la liste singhalaise de vingt-deux. Je crois inutile de revenir sur ces lacunes en énumérant les caractères dont elles entraînent l’omission ; mais il est indispensable d’indiquer rapidement les articles que ces trois listes possèdent, soit chacune en propre, soit toutes en commun, parce que ces articles, manquant au Lalita vistara, n’ont pu figurer dans l’analyse que j’ai faite tout à l’heure de la liste empruntée à ce livre. Je vais donc passer en revue ces articles, en commençant par le Vocabulaire pentaglotte qui se rapproche le plus du Lalita vistara ; mais, quoique donnant le pas au Vocabulaire pentaglotte sur les deux autres listes à cause de son analogie avec le Lalita, j’aurai soin d’indiquer ceux des articles de ces deux listes qui se retrouveront dans le Vocabulaire.

Le Vocabulaire pentaglotte termine les articles par lesquels on définit la marche de l’homme supérieur, en y ajoutant deux énoncés, le n° 16, tcharugâmi, et le n° 17, avakragdmi, dont le premier (qui doit se lire tchârugâmî) signifie, « il a une démarche élégante, » et le second, « sa démarche n’est pas tortueuse. » Je retrouve ces deux énoncés sous les nos 15 et 16 de la liste de M. Hodgson, avec cette forme, tchârugâmitâ, avakragâmitâ, « la qualité d’avoir une démarche élégante, une démarche qui n’est pas tortueuse. « D’un autre côté, ces deux caractères manquent dans la liste singhalaise ainsi que dans le Lalita. Cette circonstance semble indiquer que les Népalais rédacteurs du Dharma saggraha, et les Chinois rédacteurs du Vocabulaire pentaglotte, ont puisé à une même source, tandis que le Lalita vistara et le Dharma pradipikâ ont eu sous les yeux, sinon un même original, du moins deux listes qui avaient entre elles d’assez grandes analogies.

Aux caractères dont je viens de signaler l’existence dans le Vocabulaire pentaglotte et dans la liste népalaise, le Vocabulaire en ajoute un troisième de même ordre, qui est placé sous le n° 26, samakramah, « sa marche est égale. » Ici encore la liste népalaise est d’accord avec le Vocabulaire, car nous trouvons sous le n° 25 de cette liste l’énoncé suivant : samakramatâ, « la qualité d’avoir une marche égale. » Ce qui ajoute ici à l’analogie qu’offrent nos deux listes, c’est la place même qu’occupe ce caractère dans chacune d’elles ; au con-

  1. Voyez ci-dessus, p. 559.