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APPENDICE. — N° VIII.

51. Anupûrvadam̃chṭraḥ ; V59 anupûrvadam̃chṭraḥ ; H58 Anupûrvadam̃chṭratâ. Ce caractère signifie, « Il a les canines régulières, » comme disent les Tibétains, sauf la confusion de dam̃chtrâ avec danta. Cet attribut ne peut signifier « les dents minces, » comme le proposait A. Rémusat ; il manque d’ailleurs à la liste singhalaise.


52. Tug̃ganâsaḥ ; V60 tug̃ganâsaḥ ; H59 tug̃ganâsikatâ ; D29 tug̃ganâsatâ. Ce caractère signifie, « Il a le nez proéminent, » ou, comme disent les Tibétains, « Il a le nez élevé avec grâce. » Cet attribut, sur lequel nos quatre listes sont unanimes, est un de ceux dont s’autorisait avec le plus de confiance A. Rémusat pour contester l’origine nègre du Buddha Çâkyâmuni[1] ; mais depuis qu’il est prouvé qu’il existe des nègres au nez aquilin, cet argument a beaucoup perdu de sa valeur.


53. Çutchinayanaḥ ; V61 çutchinâsaḥ ; H60 çutchinâsikatâ. Ce caractère signifie, « Il a les yeux brillants, » et c’est bien ainsi que l’entendent les Tibétains ; mais nos deux autres listes, celle du Vocabulaire pentaglotte et celle des Népâlais, donnent ici une leçon toute différente et qui signifie, « Il a le nez beau, » Il se peut que le voisinage du présent article et du précédent, lesquels sont immédiatement rapprochés l’un de l’autre dans nos trois listes, ait entraîné le compilateur des listes népâlaise et chinoise à substituer nâsa, « le nez, » à nayana, « l’œil. » Quant à présent, il ne me paraît pas que l’accord de ces deux dernières, énumérations, dont l’une est très-moderne, doive prévaloir contre l’autorité du Lalita vistara. Nous ne pouvons malheureusement pas invoquer ici le témoignage de la liste singhalaise, où manquent également ces deux énoncés.


54. Vimalanayanaḥ ; V62 viçuddhanâitraḥ ; V27 çuddhanêtraḥ ; H26 viçuddhanêtratâ. Ce caractère signifie, « Il a l’œil pur, » ou, comme disent les Tibétains, « l’œil sans tache. » Nos trois listes sont unanimes ; mais cet attribut manque encore à la liste singhalaise. Dans le Vocabulaire pentaglotte il paraît dédoublé en deux articles.


55. Prahasilanayanaḥ ; D44 pañtchappasâdavattanêttatâ. Ce caractère signifie, « Il a les yeux souriants, » comme le disent les Tibétains. Je ne le trouve ni dans le Vocabulaire pentaglotte, ni dans la liste népâlaise. Chez les Singhalais il paraît sous une forme très-différente de celle du Lalita vistara, et qui serait à peu près inintelligible sans le Dictionnaire singhalais de Clough. Selon cet auteur, on entend par pañtchaprasâda, la joie à ses cinq degrés, depuis le sentiment ordinaire de la satisfaction, jusqu’à la manifestation la plus exaltée du plaisir[2]. C’est là certainement le terme sanscrit qui est devenu en pâli pantchappasâda, et qui figure dans l’énoncé de la liste singhalaise, dont le sens doit être, « la qualité d’avoir des yeux qui expriment les cinq degrés de la joie, » ou encore « de la bienveillance. »


56. Ayatanayanaḥ ; D43 âyatavisâlanêttatâ. Ce caractère signifie, « Il a les yeux allon-

  1. Mélanges asiat., t. I, p. 106.
  2. Clough, Singhal. Diction., t. II, p. 348.