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APPENDICE. — N° VIII.

nuscrits de M. Hodgson a fautivement çutchyâpâraḥ. Quant à la phrase que M. Foucaux croit être substituée à ce caractère par le texte sanscrit, j’y reviendrai dans l’article suivant. Les listes du Vocabulaire pentaglotte et du Dharma sag̃graha népâlais emploient, au lieu du terme âtchâra, deux mots analogues qui expriment deux nuances légèrement différentes. Pris au propre, âtchâra signifie « usage, pratique[1] ; » de sorte que çutchyâtchâraḥ est un composé possessif signifiant, « celui qui suit des pratiques, pures. » La leçon fautive du Vocabulaire pentaglotte, qu’il faut remplacer par çutchisamâtchâraḥ, donne samâtchâraḥ, dont le sens exact est conduite, de façon que l’énoncé du Vocabulaire devra se traduire : « celui qui a une conduite pure. » Enfin le samudâtchâra de la liste de M. Hodgson signifie « disposition, intention, » d’où il faudra traduire le composé par « celui qui a des dispositions pures. » Quant à l’énoncé du Dharma pradîpikâ singhalais, c’est uniquement par conjecture que je le ramène sous le présent article, car il ne signifie que « la qualité d’avoir des sens parfaitement purs. » Mais dans cette liste singhalaise, qui présente de si notables divergences avec les autres énumérations, je ne trouve pas de terme plus approchant de celui de « la conduite pure, » pas plus que je ne trouve, dans les trois premières listes, d’énoncé plus analogue à celui de « la pureté des sens. »


37. Rĭchabhavatsamantaprâsâdikaḥ ; V40 samantapraçâdikaḥ ; H40 saman­taprâsâdikatâ. Ce caractère signifie, « Comme le bœuf, il est tout aimable, » à peu près comme l’entendent les Tibétains, « Il est agréable de tous points. » Il paraît, d’après une note de M. Foucaux, que les interprètes du Tibet auraient lu rĭchivat, « comme un Rĭchi, » et qu’ils auraient fait rapporter ce terme de comparaison au numéro précèdent, de cette manière : « Comme un Rĭchi, il fait des œuvres pures. » Il est possible qu’ils aient eu sous les yeux, un texte différent de celui que nous connaissons aujourd’hui ; tel que le donnent les manuscrits de M. Hodgson, ce texte ne se prête pas à l’interprétation tibétaine. Il ne me paraît pas conduire davantage à la traduction proposée par M. Foucaux, « Il est fier comme un jeune taureau ; » car si l’on divise ainsi le composé richabhavatsa, « petit d’un taureau, » que fera-t-on de mantaprâsâdikaḥ ? Mais il se peut que rĭchabhavat n’ait pas existé dans la liste primitive, puisqu’il manque dans celle du Vocabulaire pentaglotte et dans celle du Dharma sag̃graha népâlais. Toutefois, du moment qu’il est exprimé comme dans le Lalita vistara, il ne peut se rapporter qu’au présent article et non au précédent. Je regrette de ne l’avoir pu découvrir dans l’énumération du Dharma pradîpikâ singhalais.


38. Paramasuviçuddhavitimirâlôkasamantaprabhaḥ ; V33 vitimiraviçuddha­lôkaḥ ; H33 vimiraçuddhâlôkatâ ; D41 parimandalakâyappabhâvattatâ. Ce caractère signifie : « Il répand autour de lui l’éclat d’une lumière supérieure, parfaitement pure, qui dissipe les ténèbres ; » c’est à peu près en ces termes que M. Foucaux rend la version tibétaine de cet article. Les énoncés des autres listes reviennent également à ce sens, mais avec moins de mots ; au lieu de lôkaḥ du Vocabulaire pentaglotte, il faut lire âlôkaḥ et traduire : « Il répand une lumière qui dissipe les ténèbres et est parfaitement pure ; » c’est, sauf la forme abstraite

  1. Amarakocha, liv. III, chap. iv, sect. 23, st. 141, p. 318, éd. Loiseleur.