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APPENDICE. — N° VIII.

18. Nôtchtchaçahdavatchanah ; V48 nâtyâyatamadnah ; H47 nâtyâyatavatchanatâ ; D36 âyatavadanatâ. Ce caractère signifie « Il a une voix dont le son n’est pas trop élevé, » ou, comme disent les Tibétains, « Le son de sa voix est sans rudesse, » ce qui ne me paraît pas une traduction suffisamment exacte. Nos trois autres listes diffèrent sensiblement de la définition du Lalita vistara. Ainsi le Vocabulaire pentaglotte, qui est très-fautif, puisqu’il lit madnah au lieu de vadanah, veut dire de deux choses l’une, ou : « Sa bouche n’est pas « trop grande, » ou « Son visage n’est pas trop allongé-, » c’est ce dernier sens que proposait Rémusat, quand il traduisait : « visage plein et arrondi. » La liste singhalaise dit exactement le contraire : « La qualité d’avoir la bouche grande ou le visage allongé ; » mais il y a certainement ici une faute qui consiste dans l’omission de la négation. De toute façon if n’est question, d’après ces deux listes, que de bouche ou de visage, mais non de voix ni de parole. Ce dernier sens paraît dans la liste népalaise : « Sa voix n’est pas trop élevée ; » mais il n’est exprimé nettement que dans le Lalita vistara. Entre ces sens divers, nous n’avons pour nous décider que la vraisemblance ; or la vraisemblance est, à mon avis du moins, en faveur de la liste singhalaise et du Vocabulaire pentaglotte corrigés l’un et l’autre. Le caractère dont il s’agit ici doit être tiré du visage ou de la-bouche, par cela seul que toutes nos listes s’accordent à le placer auprès du caractère tiré des lèvres. Entre la face et la bouche, j’inclinerais pour cette dernière partie, parce qu’il est plus facile d’arriver à la voix en partant de la bouche qu’en partant du visage. Aussi pensé-.je qu’on a, dans l’origine, entendu dire : « Il n’a pas la bouche trop grande ; » et qu’ensuite confondant vadana, « la bouche, » avec vatchana, « la parole, » quelque copiste aura cru qu’il s’agissait de la voix, dont il sera parlé plus bas, et qu’une fois cette opinion entrée dans son esprit, il aura substitué à nâtyâyata, « pas trop long, » le mot nôtchtcha, « pas élevé. » Cette dernière substitution serait fort aisée à comprendre, si l’on supposait que le mot nâtyâyata s’est présenté dans le principe sous une forme populaire, comme celle qu’il aurait en pâli, nâtchtchâyata.

19. Mrïdataranatâmradjihvah ; V50, 51, 52 mrïtadjihvali, tanadjihvah, raktadjihvah ; H49, 50, 52 mrïdadjihvatâ, tanudjihvatâ, raktadjihvatâ ; D46 mudatanutarattadjihvatâ. Ce caractère signifie : « Il a la langue douce, délicate et couleur de cuivre rouge. » Les Tibétains, au lieu de délicate, disent souple, ce qui est une traduction incomplète de tanu et un peu libre de taruna ; cette dernière leçon, d’ailleurs, me paraît devoir être abandonnée en présence du témoignage unanime des trois autres listes qui ont tanu, tout en l’écrivant deux fois fautivement tana et tanata, et surtout parce que nous trouvons sous le n° 12 des Lakchanas ce caractère d’une langue mince déjà positivement exprimé. Il arrive cependant plus d’une fois que les caractères secondaires ne sont que la répétition d’un des trente-deux signes ou Lakchanas, ou. qu’ils n’y ajoutent que des traits de peu d’importance : l’addition ici consisterait uniquement dans le terme de tâmra, « couleur de cuivre rouge, » que nos trois autres listes remplacent par rakta, ou ratta, « rouge. » On remarquera de plus que ces listes font trois articles de ces attributs relatifs à la langue, attributs que le Lalita vistara exprime en un seul terme composé. Cette circonstance vient encore à l’appui de