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APPENDICE. — N° VIII.

On n’en peut plus dire autant du n° 24 du Lalita vistara, que suit le Vocabulaire pentaglotte, savoir : « Il a les cuisses parfaitement rondes ; » j’ai conjecturé que ce caractère devait avoir été confondu par les autres listes avec le caractère suivant, qui assimile les jambes d’un homme supérieur à celles de l’antilope femelle[1]. Ainsi le Lalita vistara et le Vocabulaire pentaglotte donnant un caractère, qui manque dans les autres listes, constatent pour ces listes la lacune d’un caractère.

En résumé, quand on compare la liste du Lalita vistara avec les cinq autres listes, celles des Népalais et des Singhalais (car je laisse à dessein de côté le Vocabulaire pentaglotte qui se range auprès du Lalita), on trouve que la plus grande différence qui existe entre le Lalita et ces listes, c’est l’omission de deux caractères qui manquent dans le Lalita, tandis que ces listes les possèdent, et l’omission dans ces listes d’un caractère par la confusion de deux attributs en un seul.

Ainsi la liste du Dkarma saggraha donne sous le n° 8, Rîdjugâtratâ, caractère qui dans les autres listes se trouve sous la forme suivante : Lc5, L5, M i4, Di5 Brahmudjdjagattô. Ce caractère doit signifier : « Il a les membres droits comme Brahmâ. » La liste de M. Hodgson se contente de dire : « Il a les membres droits. » Le Lakkhana suttâ ajoute quelques mots pour éclaircir cet article : Bràhmaviyadjdju sabhô sudjâtigattô. « Comme Brahmâ, il est droit, beau, il a les membres bien formés. » L’accord des listes de Ceylan avec le Dharma saggraha prouve la parfaite authenticité de ce caractère ; il doit donc être rétabli dans la liste générale. Et quant à la divergence qu’offrent ici le Lalita vistara et le Vocabulaire pentaglotte y elle s’explique vraisemblablement pour le second recueil par ^e peu de soin avec lequel il a été exécuté, et pour le premier, parce que quand il parle des trente-deux caractères, il n’en donne pas, comme je l’ai cru remarquer, une énumération technique, mais seulement un exposé général et presque oratoire, qui vient à l’occasion de la naissance du Buddha.

Au n° 14 de la liste du Dharma saggraha nous trouvons savarnavarnatâ ; à cet article répondent, dans les listes suivantes, Vig suvarnnatchtchhavih, hciS, Lia, Mio, Du suvannavannô. Ce caractère signifie : « Il a la couleur de l’or » ou « l’éclat de l’or. » Le Lakkhana sutta ajoute quelques mots pour donner plus de précision à ce caractère : Kantehanasannihhattatchô hanakatanunïbhô. « Sa peau a l’éclat de l’or, il ressemble à un corps d’or. » J’ai montré, en analysant le n° 17 du Lalita vistara[2], que ce dernier ouvrage n’avait pas omis entièrement ce signe, puisqu’il l’avait confondu avec l’article relatif au lustre de la peau. Il est certain qu’on n’en comprendrait pas aisément l’omission, car il est de première importance, sous le rapport ethnographique et religieux à la fois. Déjà M. Rémusat avait montré combien cette définition d’une peau de couleur d’or convenait au teint des Hindous en général, et c’était un de ses meilleurs arguments contre l’hypothèse africaine[3]. Aujourd’hui nous pouvons ajouter que les artistes sectateurs de Çâkyamuni ont pris au propre cette description, et que les statues et les représentations graphiques des Buddhas sont positivement dorées, tant dans les pays voisins de l’Inde septentrionale, qu’à Ceylan et dans l’Inde transgangétique. C’est ce qui explique la dénomination de l’homme d’or, qui

  1. Voy. ci-dessus, p. 572.
  2. Voy. ci-dessus, p, 568.
  3. Mélanges asiat. t. I, p. 104.