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5. Les trente-deux signes [de beauté] n’existent pas pour moi, non plus que les perfections telles que celle d’avoir la couleur et l’éclat de l’or. Les énergies et les affranchissements ont aussi entièrement disparu pour moi. Hélas ! je suis égaré dans les lois semblables [à moi].

6. Et les signes secondaires [de beauté] qui distinguent les grands solitaires, signes qui sont au nombre de quatre-vingts, qui sont supérieurs, distingués, et les lois homogènes, au nombre de dix-huit, tout cela a disparu pour moi. Hélas ! je suis trompé !

7. Et après t’avoir vu, ô toi qui es bon et compatissant pour le monde, assis alors pendant le jour et retiré à l’écart, « Hélas ! pensé-je, je suis abusé par la science absolue et qui échappe au raisonnement ! »

8. Je passe, Seigneur, le jour et la nuit constamment occupé de ces seules pensées ; aussi ne te demandé-je, ô Bhagavat, que cette seule chose : Suis-je déchu, ou ne le suis-je pas ?

9. C’est ainsi, ô Chef des Djinas, que les nuits et les jours s’écoulent constamment pour moi au milieu de ces réflexions ; et après avoir vu beaucoup d’autres Bôdhisattvas qui ont été loués par le Guide du monde,

10. Après avoir entendu cette loi des Buddhas, « Oui, [me dis-je,] ce langage est énigmatique ; le Djina, dans la pure essence de l’état de Bôdhi, enseigne une science supérieure au raisonnement, subtile et parfaite. »

11. Autrefois j’étais attaché aux doctrines hétérodoxes, j’étais estimé des mendiants et des Tîrthakas ; alors le Chef, connaissant mes dispositions, [me] parla du Nirvâna pour m’affranchir des fausses doctrines.

12. Après m’être complètement dégagé des opinions des fausses doctrines, et avoir touché aux lois du vide, je reconnais que je suis arrivé au Nirvâna ; et cependant cela ne s’appelle pas le Nirvâna !

13. Mais quand [un homme] devient Buddha, qu’il devient le premier des êtres, qu’il est honoré par les hommes, les Maruts, les Yakchas et les Râkchasas, que son corps porte l’empreinte des trente-deux signes [de beauté], c’est alors qu’il est complètement arrivé au Nirvâna.

14. Après avoir renoncé à toutes ces pensées orgueilleuses, et avoir entendu tes paroles, j’ai atteint aujourd’hui le Nirvâna, alors qu’en présence du monde réuni aux Dêvas, tu m’as eu prédit que je parviendrais à l’état suprême de Bôdhi.

15. Une grande terreur s’est emparée de moi, au moment où j’ai entendu pour la première fois la parole du Chef : « Ne serait-ce pas, [me disais-je,] Mâra le méchant, qui aurait pris sur la terre le déguisement d’un Buddha ? »

16. Mais lorsque, démontré par des raisons, par des motifs et par des myriades