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APPENDICE. — N° VIII.

duit par l'art et le langage, antérieurement aux événements qui ont partagé le Buddtisme en deux écoles, celle du Nord et celle du Sud.

Les descriptions des caractères physiques du Buddha sont fréquentes dans les livres de Ceylan, et elles nous sont données par des traités d'une authenticité au moins égale et d'une antiquité probablement supérieure à celles du Lalita Vistara, Premièrement, un Sutta du recueil intitulé Digha nikâya, le Lakkhana sutta, est consacré tout entier à l'énumération des trente-deux signes de beauté, et à l'indication des vertus, qui en assurent la possession à l'homme ami de. la morale et du devoir[1]. Cette énumération se retrouve, quoique avec moins de développement, vers la fin an Mahâpadhâna sutta de la même collection[2]. Enfin elle paraît au commencement du Dharma pradxpikâ, ouvrage composé en singhalais vulgaire, mais entremêlé de textes empruntés à des ouvrages religieux écrits en pâli[3]. Voilà les six sources, dont trois sont sanscrites et trois pâlies, mais qui toutes six sont indiennes, auxquelles j'emprunterai les éléments des analyses qui vont suivre. Je dis six sources d'après les livres, où paraissent les listes des caractères ; mais je puis, en réalité, comparer entre elles sept de ces listes, parce que le Lakkhana sntia nous en offre à lui seul deux qui diffèrent et par l'ordre, et par le développement. La première de ces deux listes énumère les. trente-deux caractères d'un Buddha, à la suite les uns des autres et d'ordinaire sans aucun développement. La seconde liste, au contraire, en nous indiquant à la pratique de quelles vertus est due la possession de ces caractères, les développe quelquefois par une sorte de glose, les groupe souvent deux par deux ou trois par trois, et les dispose dans un ordre un peu différent de celui de la première liste. Ces différences n'ont pas toujours une grande importance ; je les noterai cependant chaque fois qu'elles se présenteront, parce qu'il pourra être de quelque intérêt plus tard de constater lequel de ces divers ordres ont suivi les Buddhistes étrangers à Un de, comme les Chinois, les Tibétains et les Mongols. Je n'omettrai pas davantage les différences que présente la classification des listes du Sud, comparée à celle des listes du Nord, prises les unes et les autres dans leur ensemble. Ces remarques me fourniront enfin les éléments d'un tableau comparatif et d'un, résumé qui mettra le lecteur à même d'apprécier la valeur relative de ces diverses classifications.

Je commencerai par la liste du Lalita vistara, non pas que je la croie en elle-même ou plus ancienne ou plus régulière que la classification des livres de Ceylan, mais parce qu'elle est empruntée à un livré qui jouit d'une autorité considérable parmi les Buddhistes du Nord, qu'elle est écrite en sanscrit, circonstanee qui nous garantit une plus grande exactitude pour ce qui regarde la composition et l'orthographe des termes, enfin parce que vérifiable sur trois manuscrits et comparable à une traduction tibétaine, elle est beaucoup plus correcte que la liste du Vocabulaire pentaglotte et même que celle du Dharma saggraha qu'a extraite M. Hodgson. Un numéro placé à gauche de chaque terme marquera l'ordre de ce terme dans cette liste ; pour les six autres listes, j'emploierai les abréviations suivantes : les numéros 1, 2, 3, 4, etc. précédés d'un V, de cette manière, V1, V2, V3, etc.

  1. Lakkhaṇa sutta, dans Dîgh. nik. f. 166 b.
  2. Mahâpadhâna sutta, f. 70 a.
  3. Dharma pradîpikâ, f. 2 a.