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APPENDICE. — No VII.

paramatthapâramiyôti samatim̃sa pâramiyô pûrêtvâ ; « ayant accompli les dix Pâramîs, les dix PâramÏs secondaires, et les dix Pâramîs supérieurs[1]. » Pour comprendre ce qu’il faut entendre par cette triple série de perfections, savoir, les perfections, les perfections secondaires et les perfections supérieures, nous devons recourir au Dictionnaire singhalais de Clough, où l’on en trouve l’explication suivante.

Chacune des dix vertus transcendantes donne lieu à deux subdivisions nouvelles, de deux termes chacune, qu’on obtient par l’addition du mot upa, « secondaire, » et paramattha (pour paramârtha), « supérieur, » de façon que la réunion des trois séries forme ce que l’on nomme collectivement en singhalais samatim̃sa pâramitâ, « les trente vertus transcendantes ; » dénomination également admise par les Buddhistes barmans, comme on peut le voir au commencement de l’inscription de la grande cloche de Rangoun, traduite par M. Hough[2]. Dans la série où le terme de pâramitâ reste sans être modifié par aucune addition, chaque terme exprime une perfection de mérite envisagée d’une manière absolue. Ainsi, pour prendre un exemple, le terme de dâna pâramitâ indique « la perfection de la libéralité, » absolument parlant et sans égard à la valeur ou au mérite des aumônes que cette libéralité dispense. Avec upa, le terme de dânupapâramitâ désigne la perfection de l’aumône, quand on distribue des choses d’une valeur relativement secondaire, comme de l’or, de l’argent, des trésors, des vêtements. Mais avec paramattha, le terme dâna paramattha pâramitâ exprime la perfection d’une libéralité où les aumônes sont de l’ordre le plus relevé, comme le don que l’on fait de sa femme, de ses enfants, de ses membres, de son propre corps.

Avec ces explications Clough a donné l’énumération suivante de ce qu’il appelle les dix principales pâramitâs ou vertus transcendantes : ce sont dâna, « l’aumône ; » sila, « la morale ; » niskrama, « la sortie ; pradjñâ, « la sagesse ; » vîrya, « l’énergie ; » kchânti, « la patience ; » satya, « la vérité ; » adhichṭhâna, « la détermination ; » mâitrî, « la charité ; » upêkchâ, l’indifférence[3]. » Cette liste diffère sensiblement, comme on voit, de celles du Lalita vistara et du Vocabulaire pentaglotte ; elle procède moins par additions que par substitutions et déplacements. Ainsi, après la perfection de l’aumône et celle de la vertu, Clough insère la perfection dite niskrama, qui signifierait « la sortie » du monde, si le mot répondait au sanscrit nichkrama, mais qui doit plutôt représenter le sanscrit nâichkarmya, « l’inaction, l’abstention des œuvres. » Ce qui me confirme dans cette explication, c’est que ce terme, qui ne se trouve pas dans la liste des Buddhistes du Nord, y remplace le terme de dhyâna, « la contemplation, » qui manque dans celle du Sud ; le niskrama de Clough représente donc le dhyâna des autres listes, et conséquemment il doit se lire nâichkarmya. Seulement il y a changement d’ordre, puisque ce terme est, chez Clough, au troisième rang, tandis qu’il n’est qu’au cinquième dans le Lalita vistara. J’en dirai autant de la sagesse, qui est au quatrième rang chez Clough, et au sixième dans le Lalita ; de l’énergie, qui est au cinquième chez Clough, et au quatrième dans le Lalita ; de la patience, qui est au sixième chez Clough, et au troisième dans le Lalita. Le septième rang est occupé, dans

  1. Mahâvam̃sa ṭîkâ, f. 24 b.
  2. Clough, Translat. of an Inscript. on the great Bell of Rangoon, dans Asiat. Res. t. XVI, p. 270 et suiv.
  3. Clough, Singhal. Diction. t. II, p. 387 et 388.