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APPENDICE. — No V.

à ses effets. » Il y a cependant ici une expression, celle de la fin du second vers, qui n’est pas correcte, et un mot au commencement du premier vers, qui ne me paraît pas exactement lu. Au lieu de pâpmanôtchtchîyatê je vois distinctement adjñânâtch tchîyatê, et au lieu de karma bhâvana lîyatê je vois karmâbhâvâna djâyatê pour karmâbhâvân na djâyatê, avec la seule omission d’un n ; ce qui n’est pas très-fautif pour un texte dont les caractères sont tracés, à en juger par le fac-simile du Journal de Calcutta, d’une main assez barbare. Je lis donc ainsi qu’il suit la stance tout entière, que je fais suivre de cette traduction littérale :

Adjñânâtch tchîyatê karma djanmanâm karma kâraṇam̃
djñânân na kriyatê karma karmâbhâvân na djâyatê.

« C’est par l’ignorance que l’action s’accumule ; l’action est la cause des renaissances successives ; par la science l’action ne s’accomplit pas ; l’action n’existant pas, l’homme ne renaît plus. »

Les stances qui renferment une invitation à embrasser la loi du Buddha sont fréquemment citées chez les Buddhistes du Népâl ; je les trouve dans deux Sûtras du grand recueil du Divya avadâna, où elles sont écrites de la manière suivante :

Ârabhadhvam̃ nichkramata yudjyadhvam̃ Buddhaçâsanê
dhunîta mrĭtyunaḥ sâinyam̃ naḍâgâram iva kuñdjarah ;
yô hyasmin dharmavinayê apramattaç tcharichyati
prahâya djâtisam̃sâran dukhasyântam̃ karichyati[1].

« Commencez, sortez (de la maison), appliquez-vous à la loi du Buddha ; renversez l’armée de la mort, comme un éléphant renverse une hutte de roseaux. Celui qui marchera sans distraction dans cette discipline de la loi, ayant échappé à la révolution des naissances, mettra un terme à la douleur. »

Ces deux stances sont si populaires chez les Buddhistes du Nord ; que Csoma en a publié une version tibétaine qui a cours parmi les Lotsavas du Tibet. Voici comment il traduisit en anglais cette version même : Arise, commence a new course of life; turn to the religion of Buddha. Conquer the host of the lord of Death (the passions) that are like an elephant in this mud-house (the body), (or conquer your passions like as an elephant subdues every thing under his feet in a muddy lake.) Who ever has lived a pure or chaste life, according to the precepts of this Dulva, shall be free from transmigration, and shall put an end to all his miseries[2]. Le lecteur exercé reconnaîtra que la traduction anglaise de Csoma a manqué le sens de naḍâgâram ; il remarquera de même que le génitif mrĭtyanaḥ est une forme tout à fait irrégulière, imitée sans doute de la forme populaire matchtchunô, et adoptée à cause du mètre ; enfin il trouvera une syllabe de trop dans le quatrième pâda de cet Anuchṭubh, naḍâgâram iva kuñdjaraḥ.

Cette double irrégularité n’existe plus dans la rédaction pâlie de cette stance, qui paraît

  1. Brâhmaṇa dârikâ, dans Dîvya avad. f. 33 a ; Djyôtichka, ibid. f. 133 a.
  2. Csoma, Analysis of the Dulva, dans Asiat. Res. t. XX, p. 79.