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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

à s’asseoir, il n’y aurait pas sur tout son corps un point qui ne fût en contact avec ce vêtement blanc ; de même, grand roi, le Religieux ayant touché son corps même avec son esprit perfectionné, purifié d’une manière parfaite, reste assis, et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec cet esprit perfectionné, purifié d’une manière parfaite. C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment. Et quand, par l’abandon du plaisir et par l’abandon de la douleur, les impressions antérieures de joie et de tristesse ayant disparu, le Religieux après avoir atteint à la quatrième contemplation, qui est la perfection de la mémoire et de l’indifférence dans l’absence de toute douleur et de tout plaisir, le Religieux, dis-je, s’y arrête, et quand ayant touché son corps même avec son esprit perfectionné, purifié d’une manière parfaite, il reste assis, et qu’il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec cet esprit ainsi perfectionné ; cela même lui est compté comme méditation[1].

« Le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, perfectionné, purifié, exempt de souillure, débarrassé de tout vice, devenu souple, propre à tout acte, stable, arrivé à l’impassibilité, le Religieux, dis-je, dirige son esprit, tourne son esprit vers la vue de la science. Or, voici comment il sait : Ce corps qui m’appartient a une forme ; il est composé des quatre grands éléments, produit de l’union de mon père et de ma mère, soutenu par des aliments tels que le riz et le gruau ; il est passager, sujet à être écorché, frotté, coupé, anéanti ; et cette intelligence (vidjñâna) qui m’appartient y est attachée, y est enchaînée. De même, grand roi, qu’un morceau de lapis-lazuli, beau, de belle espèce, à huit faces, bien travaillé, transparent, parfaitement pur, accompli sous tous les rapports, serait enveloppé d’un cordon soit bleu, soit jaune, soit rouge, soit blanc, soit jaune pâle ; si un homme jouissant de la vue, l’ayant mis dans sa main, venait à le considérer et disait : Voilà un morceau de lapis-lazuli, beau, de belle espèce, à huit faces, bien travaillé, transparent, parfaitement pur, accompli sous tous les rapports, et voici qui l’enveloppe un cordon soit bleu, soit jaune, soit rouge, soit blanc, soit jaune pâle [f. 53 b] ; de même, grand roi, le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, perfectionné, purifié, exempt de souillure, débarrassé de tout vice, devenu souple, propre à tout acte, stable, arrivé à l’impassibilité,

  1. Le Subha sutta ajoute le passage suivant : « C’est là, jeune Brâhmane, la masse sublime de méditations dont le Bienheureux a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans laquelle il l’a introduite, dans laquelle il l’a établie. Y a-t-il pour moi ici quelque chose de plus à faire ? C’est une chose surprenante, ô Ânanda, [reprit le jeune Brahmane,] c’est une chose merveilleuse, ô Ânanda, c’est un puissant moyen de succès que cette sublime masse de méditations, qui est achevée et non inachevée. Je n’aperçois pas, ô Ânanda, hors d’ici, dans les autres Samaṇas ou Brâhmanes, une masse sublime de méditations aussi achevée ; et si les autres Samaṇas ou Brâhmanes pouvaient voir, hors d’ici en eux-mêmes, une masse aussi achevée de méditations, ils n’en seraient cependant satisfaits en aucune manière. C’est assez de cette exposition ; par cette exposition se trouve atteint pour nous le résultat général. — Il n’y a donc pour nous rien de plus à faire ici ? — Cependant, respectable Ânanda, tu t’es exprimé ainsi : Y a-t-il pour moi ici quelque chose de plus à faire ? Quelle est donc, ô Ânanda, la masse sublime de sagesse dont le bienheureux Gôtama a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans laquelle il l’a introduite, dans laquelle il l’a établie ? » On a vu qu’un pareil résumé revenait à la fin de chacun des articles du Subha.