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APPENDICE. — No II.

un tel homme certainement retirerait de cette situation du contentement, il éprouverait de la satisfaction.

« De la même manière, grand roi, le Religieux reconnaît que les cinq obstacles qui sont comme une dette, comme la maladie, comme la prison, comme l’esclavage, comme le passage dans un chemin difficile, que ces cinq obstacles, dis-je, ne sont pas détruits en lui-même ; puis il s’aperçoit ensuite que les cinq obstacles sont détruits au dedans de lui, comme fait celui qui se sent exempt de dettes, de maladie, qui se sent délivré de la captivité, qui se sent indépendant, qui se sent sur un terrain sûr ; et quand il voit ces cinq obstacles détruits au dedans de lui, le contentement naît dans son cœur ; et après le contentement, la satisfaction ; une fois que son cœur éprouve de la satisfaction, la confiance descend dans son corps ; une fois son corps rempli de confiance, il ressent du plaisir ; une fois qu’il ressent du plaisir, son esprit médite (se renferme en lui-même[1]) ; s’étant détaché des objets du désir, s’étant détaché des conditions coupables, étant arrivé à la première contemplation qui est le plaisir de la satisfaction, né de la distinction et accompagné de raisonnement et de jugement, il s’y arrête. Il baigne, il inonde, il remplit, il comble son corps du plaisir de la satisfaction né de la distinction ; il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec ce plaisir. De même, grand roi, que si un habile baigneur, ou si l’aide habile d’un baigneur, après avoir versé dans un bassin de cuivre des poudres odorantes pour le bain, les rassemblait en boule en les humectant avec de l’eau, cette boule destinée au bain serait enduite d’une substance onctueuse, pénétrée de cette substance, imprégnée au dedans et au dehors et toute ruisselante de cette substance[2], de même, grand roi, le Religieux baigne, inondé, remplit, comble son corps du plaisir de la satisfaction né de la distinction, et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec ce plaisir.

« * Lorsque le Religieux après s’être détaché des objets du désir, s’être détaché des conditions coupables, est arrivé à la première contemplation qui est le bonheur de la satisfaction né de la distinction et accompagné de raisonnement et de jugement, qu’il baigne [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] son corps du plaisir de la satisfaction né de la distinction, cela même lui est compté comme méditation. * C’est là, grand roi, le résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Encore autre chose, grand roi. Le Religieux après avoir atteint par l’anéantissement du raisonnement et du jugement à la seconde contemplation qui est le plaisir de la satisfaction né de la méditation, affranchi du raisonnement et du jugement, et où domine

  1. Dans un autre fragment du Dîgha nikâya, où la plus grande partie de ce Sutta est répétée, le monosyllabe annonce une abréviation, c’est-à-dire que le passage qui suit dans le Sâmañña est supprimé ; mais la reprise n’est plus la même, et elle se fait par un morceau sur la charité. (Dîgh. nik. f. 66 a.)
  2. Le mot que je traduis par ruisselante est paggharaṇi qui doit signifier aspergé, couvert, du radical ghrĭ ; ce sens se trouve confirmé par une glose empruntée à un commentaire pâli, composé pour un ouvrage dont je n’ai pu encore découvrir le titre : l’adjectif lôhitakam̃, « couvert de sang, » y est expliqué par lôhitapaggharaṇakam̃, « aspergé de sang. » (Purâṇa ṭikâ sag̃gaha, f. 5 a de mon manuscrit.)