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APPENDICE. — No II.

les doutes ; ne faisant plus de questions ni de demandes touchant les conditions vertueuses, il purifie son esprit de tout doute.

« De même, grand roi, qu’un homme qui après avoir contracté une dette, en consacrerait l’argent à des affaires de commerce, verrait réussir ses entreprises, éteindrait alors ses anciennes dettes, et trouverait qu’il lui reste après de quoi soutenir une femme ; puis qui se dirait alors : Après avoir autrefois contracté une dette, j’en ai consacré l’argent à des affaires de commerce ; ces entreprises m’ont réussi ; j’ai pu éteindre mes anciennes dettes, et voilà qu’il me reste encore après de quoi soutenir une femme ; un tel homme certainement retirerait de cette situation du contentement, il éprouverait de la satisfaction.

« De même, grand roi, qu’un homme affligé d’une maladie, souffrant, en proie à un mal violent, auquel la nourriture ne profiterait pas, qui n’aurait pas dans le corps la moindre force, et qui dans un autre temps serait délivré de cette grande maladie, verrait la nourriture lui profiter, et sentirait de la force dans son corps ; puis qui se dirait alors : Autrefois j’étais affligé de maladie, souffrant, en proie à un mal violent, la nourriture ne me profitait pas et je n’avais pas dans le corps la moindre force, et voilà qu’aujourd’hui je suis délivré de cette grande maladie, que la nourriture me profite, que je me sens de la force dans le corps ; un tel homme certainement retirerait de cette situation du contentement, il éprouverait de la satisfaction.

« De même, grand roi, qu’un homme qui serait enchaîné dans une prison, et qui dans un autre temps viendrait à être délivré de ses liens, serait sain et sauf, sans dommage, et ne manquerait d’aucun objet de jouissance ; puis qui se dirait alors : Autrefois j’étais enchaîné dans une prison, et voilà qu’aujourd’hui je suis délivré de ces liens, que je suis sain et sauf, sans dommage, et qu’il ne me manque aucun objet de jouissance ; un tel homme certainement retirerait de cette situation du contentement, il éprouverait de la satisfaction.

« De même, grand roi [f. 52 b], qu’un homme qui serait esclave, qui ne serait pas son maître, qui dépendrait d’un autre, qui ne pourrait aller où il voudrait, et qui dans un autre temps viendrait à être délivré de cet esclavage, qui serait son maître, qui ne dépendrait plus d’un autre, qui serait indépendant et qui pourrait aller où il voudrait ; puis qui se dirait alors : Autrefois j’étais esclave, je n’étais pas mon maître, je dépendais d’un autre, je ne pouvais aller où je voulais, et voilà qu’aujourd’hui je suis délivré de cet esclavage, je suis mon maître, je ne dépends plus de personne, je suis indépendant et je puis aller où je veux ; un tel homme certainement retirerait de cette situation du contentement, il éprouverait de la satisfaction.

« De même, grand roi, qu’un homme riche, opulent, qui serait tombé dans un chemin difficile, qui trouverait difficilement de quoi se nourrir et non sans danger, et qui dans un autre temps franchirait ce chemin difficile, sain et sauf, et arriverait à l’extrémité d’un village en sûreté, sans crainte ; puis qui se dirait alors : Moi qui autrefois [f. 20 a] étant riche, opulent, suis tombé dans un chemin difficile, où je trouvais difficilement de quoi me nourrir et non sans danger, voilà qu’aujourd’hui j’ai franchi ce chemin difficile, sain et sauf, et que je suis arrivé à l’extrémité d’un village en sûreté, à l’abri de la crainte ;