Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
450
APPENDICE. — No II.

trième [de l’année], le roi, dis-je, étant monté sur sa belle terrasse, était assis environné de ses ministres. Alors ce roi prononça avec enthousiasme ces paroles d’admiration : Certes elle est agréable cette nuit qui nous enveloppe de ses ombres ; elle est belle ; elle est ravissante ; elle est douce ; elle est pleine de charme ! Pourquoi donc ne témoignerions-nous pas notre respect à un Samaṇa (Çramaṇa) ou à un Brâhmane, pour qu’en retour de ce respect il vienne porter le calme dans notre âme ? Cela dit, un certain ministre du roi parla ainsi au roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî: Il y a, ô roi, Pûraṇa Kassapa qui a une Assemblée, qui est à la tête d’une troupe, qui est le maître d’une troupe de disciples[1], qui est connu, illustre, qui est un précepteur religieux, estimé des gens de bien, sachant commander à la foule du peuple, entré depuis longtemps dans la vie d’ascète, parti pour son voyage, arrivé à un âge avancé. Que le roi témoigne son respect à Pûraṇa Kassapa ; en effet, si le roi agit ainsi avec Pûraṇa Kassapa, le calme descendra dans son âme. Cela dit, le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, garda le silence. Un autre ministre du roi parla ainsi au roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî : Il y a, ô roi, Makkhali Gôsâla qui a une assemblée, [etc. en répétant les mêmes titres.] Un autre dit : Il y a Adjita Kêsakambala qui a une assemblée, etc. Un autre dit : Il y a Pakudha Katchtchâyana qui a une assemblée, etc. Un autre dit : Il y a Sañdjaya, fils de Bêlaṭṭhi, etc. Un autre dit : Il y a Nigaṇṭha, fils de Nâta. Et chacun ajoutait : Que le roi témoigne son respecta à ce sage ; en effet, si le roi agit ainsi avec ce sage, le calme descendra dans son âme. Cela dit, le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, garda le silence.

« Or, en ce moment-là, se trouvait assis non loin du roi, Djîvaka Kômârabhaṇḍa qui gardait le silence. Alors Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, lui parla en ces termes : Et toi, ami Djîvaka, pourquoi gardes-tu le silence ? — Roi vénérable, [reprit Djîvaka,] le respectable Bhagavat parfaitement et complètement Buddha, réside dans notre bois de manguiers, avec une grande troupe de Religieux, avec treize cent cinquante Religieux. Ce bienheureux Gôtama a rencontré au-devant de lui la voix fortunée de son renom, qui proclamait : Le voici ce bienheureux, respectable, parfaitement et complètement Buddha, doué de science et de conduite [f. 13 b], bien venu, connaissant le monde ; sans supérieur, domptant l’homme comme un jeune taureau, précepteur des Dêvas et des

    ment de l’année. (Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 569.) Nous retrouvons donc ici, parmi les sectateurs de Çâkya, les mêmes variations que chez les Brâhmanes. Weber a remarqué, en effet, que chez ces derniers l’on commençait anciennement l’année par la saison froide, et que c’est seulement plus tard qu’on l’a commencée par l’automne et par la saison des pluies. (Weber, Indische Studien, t. I, p. 88.) Une observation que nous devons au même auteur, c’est que la saison des pluies est un des commencements de l’année admis par le Çatapatha brâhmâṇa : or ce recueil est aussi une des annexes du cercle littéraire des Védas, que A. Weber regarde comme les moins anciennes ; on trouvera même probablement plus tard que plusieurs des parties qui la composent sont contemporaines des premiers temps du Buddhisme. Quant à l’Upôsatha dont il est ici question, ce doit être la cérémonie que le Lalita vistara désigne par le nom altéré d’Upôchadhâ. (Lalita vistara, f. 10 a de mon man. A.) Ce nom désigne la confession générale des fautes qui avait lieu chez les Buddhistes à chaque quinzaine, les jours de la nouvelle et de la pleine lune.

  1. Voyez sur cette expression, ci-dessus, p. 437.