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APPENDICE. — N° II

SAMAÑÑA PHALA SUTTA.

« Voici ce qui a été entendu par moi un jour. Bhagavat se trouvait à Râdjagaha (Râdjagrĭha), dans le bois des manguiers de Djîvaka Kômârabhaṇḍa, avec une grande assemblée de Religieux, avec treize cent cinquante Religieux. En ce temps-là le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, à l’époque de l’Upôsatha, qui a lieu le quinzième jour (de la lune), pendant la nuit de la pleine lune du mois de Kômudî[1], qui est le qua-

    agréables, et il parle ainsi. Consens, ô seigneur Ânanda, dans ta miséricorde, à te rendre dans la demeure du jeune Brahmane Subha, fils de Nôdêyya. Cela dit, le respectable Ânanda parla ainsi au jeune homme : Jeune homme, ce n’est pas le moment convenable, j’ai pris aujourd’hui quelques médicaments ; mais demain je me rendrai à ton invitation, au temps et au moment convenables. Alors le jeune homme s’étant levé de son siège, retourna au lieu où se trouvait Subha, fils de Nôdêyya, et y étant arrivé, il dit au jeune Brahmane : Nous avons parlé en ton nom au respectable Ânanda, [et il répéta sa commission dans les termes mêmes où elle lui avait été donnée, ainsi que la réponse qu’y avait faite Ânanda ;] voilà ce qui s’est passé, dit-il, et pour quelle raison le seigneur Ânanda a pris son temps pour ne venir près de toi que demain.

    « Ensuite le respectable Ânanda, quand fut terminée la nuit qui suivit cette journée, s’étant habillé dès le matin, ayant pris son vase et son manteau, accompagné du Religieux Tchêtaka qui lui servait de Samaṇa suivant, se rendit à l’endroit où demeurait le jeune Brâhmane Subha, fils de Nôdêyya ; et quand il y fut arrivé, il s’assit sur le siége qui lui avait été préparé. De son côté, Subha, fils de Nôdêyya, se dirigea vers l’endroit où s’était assis le respectable Ânanda, et y étant arrivé, il échangea avec Ânanda les paroles de la bienveillance et de la civilité et s’assit décote ; une fois assis, il lui parla en tes termes : Le seigneur Ânanda a été pendant bien longtemps le serviteur, l’assistant, le compagnon du bienheureux Gôtama ; Ânanda doit donc savoir quelles sont les lois dont le bienheureux Gôtama a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans lesquelles il l’a introduite, il l’a établie ? Quelles sont donc, ô Ânanda ; les lois dont le bienheureux Gôtama a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans lesquelles il l’a introduite, il l’a établie ? Il y a, jeune Brahmane, répondit Ânanda, trois masses (ou collections) dont le Bienheureux a fait l’éloge et qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans lesquelles il l’a introduite, il l’a établie. Quelles sont ces trois masses ? Ce sont la masse sublime des actions vertueuses, la masse sublime des méditations, la masse sublime de la sagesse ; ce sont là, jeune Brahmane, les trois masses dont le Bienheureux a fait l’éloge ; ce sont elles qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans lesquelles il l’a introduite, il l’a établie. Mais quelle est donc, ô Ânanda, la masse sublime des actions vertueuses dont le Bienheureux a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans lesquelles il l’a introduite, il l’a établie ? Ici, jeune Brâhmane, le Tathâgata, etc. comme au texte, en suppléant « jeune Brâhmane » à « grand roi. » Je remarquerai, en terminant, que le Nôdêyya dont on dit au commencement de ce Sutta que Subha est le fils, rappelle l’ancien Nôdhas le Gotamide, l’un des chantres du Rĭgvêda. (Weber, Ind. Studien, t. I, p. 180.) L’absence du dh dans le patronymique Nôdêyya peut paraître une objection contre ce rapprochement ; cependant la substitution du d au dh est un fait assez commun dans les manuscrits pâlis ; d’ailleurs les copistes généralement modernes de ceux de ces livres que nous possédons à Paris, étaient trop éloignés des temps et des lieux où avaient eu cours ces noms propres brahmaniques pour être en mesure d’en reproduire exactement l’orthographe.

  1. Le pâli Kômudi répond au sanscrit kâumudî, qui désigne à la fois la pleine lune du mois de Kârtika (octobre-novembre) et celle du mois Âçvina (septembre-octobre). Si Kômudi est ici le nom d’un mois, et si j’ai raison d’y rapporter l’épithète de quatrième, l’année dont le Kômudî est le quatrième mois aurait commencé en juin-juillet, c’est-à-dire avec la saison des pluies. Cette donnée est en désaccord avec celle que nous a déjà fournie l’Abhidharmakôça vyâkhyâ, suivant lequel la saison froide, Hêmânta, était, selon les Buddhistes de toutes les écoles, le commence-