Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/484

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
443
APPENDICE. — N° II.

trouver l’équivalent en français. L’emploi de la lettre capitale dans le mot Religieux avertira le lecteur qu’il s’agit d’un titre spécial et consacré à un usage particulier. On peut voir sur les devoirs extérieurs des Bhikchus une note étendue d’Abel Rémusat, extraite des auteurs chinois[1] ; les préceptes qui y sont exposés se retrouvent à peu près tous dans les autorités singhalaises , telles qu’on les connaît par le Mahâvam̃sa de Turnour, par la collection des livres sacrés et historiques singhalais d’Upham, et surtout par les fragments du Paṭimôkkha pâli qu’a reproduits Spiegel dans son Kammavâkya[2].


No II.
SUR LA VALEUR DU MOT KLÊÇA.
(Ci-dessus, chap. i, f. 1, p. 228.)

J’ai traduit dans mon texte nichklêçaḥ par « sauvés de la corruption du mal ; » mais c’est là plutôt un commentaire qu’une traduction dû terme nichklêça, terme composé de nich « sans, » et klêça, qui a une très-grande étendue de signification dans le style buddhique, et qui exprime d’une manière générale toutes les imperfections qui naissent du vice ou du mal moral. C’est ce qu’on doit conclure de la manière dont Clough, dans son Dictionnaire singhalais, traduit ce mot de klêça, en pâli kilêsa : « La corruption de tous les sens et des facultés intellectuelles de l’homme par le péché. Suivant les doctrines buddhiques, klêça est la source de toutes les misères auxquelles est exposée l’existence à quelque degré que ce soit. Tant qu’existe le klêça en quelque mesure, soit dans l’homme, soit dans tout autre être sensible, il attache cet être à l’existence, laquelle est considérée comme une calamité. La destruction du klêça est donc le seul but de la vie religieuse pour les Buddhistes. De là vient que les lois, les préceptes, les rites et les cérémonies du Buddhisme, sans tenir aucun compte d’un Être suprême, ont pour unique objet l’entier anéantissement du klêça. Ce but une fois atteint, l’âme ou la faculté sentante dans l’homme ou dans tout autre ordre d’êtres plus élevé, se débarrasse de l’existence, a et obtient le Nirvāṇa ou l’annihilation[3]. »

Il est à tout instant question des klêças dans les livres buddhiques du Nord, mais je n’en ai encore rencontré nulle part une énumération vraiment dogmatique. Seulement quand Çâkyamuni attaqué par Mâra, s’apprête à lui résister, il nomme les troupes que le pécheur a réunies sous ses étendards ; et ces troupes sont autant de mauvais penchants qui sont rappelés de la manière suivante dans des vers peu poétiques sans doute, mais qui sont cependant des vers, circonstance qui peut avoir introduit quelque trouble dans la liste. La première troupe est celle des Kâmas, ou des désirs ; la seconde celle de l’Arati, ou du mécontentement ; la troisième celle de Kchutpipâsâ, ou de la faim et de la soif ; la quatrième celle de Trĭchṇâ, ou de la cupidité ; la cinquième celle de Styâna, ou de la paresse ; la sixième celle de Bhaya, ou de la crainte ; la septième celle de Vitchikitsâ, ou

  1. Foe Koue Ki, p. 60 suiv. et p. 180 ; voyez encore Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 275 suiv.
  2. Kammavâkya, p. 29, 34 et suiv.
  3. Singhal. Diction. t. II, p. 154 et 155.