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APPENDICE. — N° I.

gneurs, les sujets qu’embrasse la loi[1]. » Le nom de l’Assemblée, Sam̃gha, paraît encore dans deux passages des édits de Piyadasi, une fois sur les colonnes de Delhi et d’Allahabad, une seconde fois vers la fin des deux édits séparés de Dhaulî. Comme ces passages, malgré l’attention avec laquelle ils ont été examinés, offrent encore matière à la critique interprétative, je les ai reproduits et analysés en détail, pour faire voir dans quelle situation le terme de Sam̃gha s’y présente ; le lecteur trouvera le résultat de ces recherches à l’Appendice no X, sur le mot anyatra.

C’est ce mot de Sam̃gha qui figure dans le nom par lequel les Buddhistes chinois désignent le jardin d’une communauté religieuse, Seng kia lan. J’avais essayé, il y a déjà longtemps, de retrouver sous cette transcription chinoise le terme Sam̃ghagâram, « la maison de l’assemblée[2]. » Mais outre que ce terme ne s’est rencontré depuis dans aucun des textes que j’ai pu lire, j’ai découvert en pâli une expression qui paraît rendre plus directement compte du nom employé par les Buddhistes chinois : c’est le composé Sam̃gharâma, « le jardin de l’Assemblée. » Voici le passage où paraît ce mot tel que le donne le Thupa vam̃sa pâli : Piyadassibuddhakâlê Bôdhisattô kassapô nâma mâṇavô tiṇṇam̃ védânam pâraïhgatô hatvâ, satthudhammadêsanam̃ sutvâ, kôṭisatasahas­sadkanaparitchtckâgéna samghârâmam̃ kârêtvâ, saraṇêsutcha sîlêsutcha patiṭṭhâsi. « Au temps du Buddha Piyadassi, le Bôdhisattva nommé Kassapa, jeune homme qui avait lu entièrement les trois Vêdas, ayant entendu l’enseignement de la loi fait par le Maître (le Buddha), après avoir fait construire un Sam̃ghârâma (un jardin enclos pour l’Assemblée), au prix d’une somme de cent mille Kôṭis, se tint ferme dans les formules de refuge et dans les commandements[3]. » Ajoutons qu’il n’est pas douteux que le mot ârâma, « jardin enclos, ermitage boisé, » ne s’applique par extension au Vihâra ou lieu d’habitation des Religieux, parce que les Vihâras étaient souvent entourés d’un tel jardin. En voici une preuve empruntée au livre pâli que je citais tout à l’heure : Puna râdjâçôkârâmam̃ nâma mahâvihâram̃ kârâpêtvâ satthisahassânam bhikkhûnam bhattam paṭṭhapêsi. « Ensuite le roi ayant fait construire un grand Vihâra nommé Asôkârâma, y fit donner le repas à soixante mille Religieux[4]. » Je ne dois pas oublier de dire que M. Neumann a vu dans le chinois Seng kia lan le mot sanscrit sangâranna, qu’il traduit ainsi : « la perle de la réunion des prêtres[5]. » Spiegel a depuis critiqué justement cette interprétation qu’il remplace par celle de silva multorum[6]. Le lecteur peut choisir entre ces diverses explications ; je dirai seulement que je n’ai jamais rencontré sangâraṇṇa, tandis que l’existence de Sam̃gharâma est positivement établie par un texte pâli d’une certaine autorité.

D’après la définition d’un Sam̃gha, telle que la donne Clough et que nous l’avons reproduite au commencement de cette note, on voit que le Sam̃gha est une réunion de Religieux, dont il suffit de rassembler cinq pour former une assemblée régulière. Clough répète lui-même ailleurs cette définition, et y ajoute ceci, que dans les cas ordinaires

  1. J. S. Burt, Inscription found near Bhabra, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. IX, p. 618.
  2. Foe koue ki, p. 19.
  3. Thûpa vam̃sa, f. 6 b.
  4. ibid. f. 16 b fin.
  5. Zeitschrift für die Kunde des Morgenland. t. III, p. 121.
  6. Kammavâkya, p. 34.