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NOTES.

Au reste, il paraît que les textes buddhiques sont assez sobres d’explications quand il s’agit des quatre motifs de confiance du Buddha, motifs qu’ils rappellent cependant presqu’à chaque page. En voici une preuve que j’emprunte au Lalita vistara, où malgré l’abondance des mots ces quatre motifs sont moins clairement indiqués que dans les quatre phrases pâlies assez courtes que je viens d’expliquer. Parmi les titres qui sont donnés à un Buddha, et qu’on énumère à la fin du xxvie chapitre du Lalita vistara, on trouve quatre passages sur la confiance que je vais reproduire et traduire successivement. Le premier motif de confiance est ainsi formulé : Niravaçêcha sarvadharmâbhisam̃buddha pratidjñârôhana sadêvalôkânabhi­bhûta pratidjñâ vâiçâradya prâptatvân̄ nirava­çêcha sarvadharmâbhisam̃b­uddha pratidjñârôhaṇa sadêvalôkê ’nâbhibhûta pratidjñâ vâiçâradya prâpta ityatchyatê. « Comme il a acquis la confiance dans l’assurance qu’il a donnée sans être contredit par le monde réuni aux Dêvas, où nul ne s’est élevé contre sa parole, assurance qui consistait à dire qu’il connaissait les lois, toutes et sans reste, on dit de lui qu’il a acquis la confiance dans cette assurance. » J’ai traduit de cette formule ce qu’il y a d’essentiel, et je n’en ai pas répété la fin qui consiste à reproduire après le mot « confiance » la phrase même par laquelle débute la formule. Elle revient à ceci, que le Buddha est nommé « plein de confiance dans la connaissance qu’il a de toutes les lois, » par cela même qu’il possède cette confiance. Cela répond au premier article de la définition du Dharma pradîpikâ que j’ai donnée plus haut. Le second motif de confiance est ainsi conçu : Sarvâ sâm̃klé­çikântarâyikadharmântarâyakaraṇâ nirvâṇasyêti tatpratidjñârôhaṇa sadêvakê lôké ’nâtchtchhêdya pratidjñâ­vâiçâradya prâptatvât sarvâ sâm̃klêçikântarâyikadharmântarâyakaraṇâ nirvâṇa­syêti tatpratidjñârôhaṇa sadêvakê lôké ’nâtchtchhêdya pratidjñâvâiçâradya prâpta ityutchyaté. « Comme il a acquis la confiance dans l’assurance qu’il a donnée sans être arrêté par le monde réuni aux Dêvas, où nul ne s’est élevé contre sa parole, quand il disait “Toutes les conditions du vice qui sont des obstacles, sont des obstacles au Nirvâṇa”, on dit de lui qu’il a acquis la confiance dans cette assurance. » J’ai reproduit exactement le texte tel que le donnent mes trois manuscrits du Lalita vistara ; il y a dans la partie de la formule qui exprime cette espèce particulière de confiance, des réunions anormales de mots qui cependant n’en cachent pas la signification véritable ; elle répond certainement au troisième article de la définition du Dharma pradîpikâ. Le troisième motif de confiance est ainsi conçu, d’après le Lalita : Nâiryânikim pratipadam pratipadyamânô nirvâṇam̃ nârâgayichyatîti pratidjñârôhaṇa sadêvakê lôké ’pratitchôdya pratidjnâvâiçâradya prâptatvân nâiryânikîm pratipadam pratipa­dyamânô nirvânam̃ nârâgayichyatîti pratidjnârôhaṇa sadêvakê lôké ’pratitchôdya pratidjñâvâiçâradyaprâpta ityutchyatê. « Comme il a acquis la confiance dans l’assurance qu’il a donnée sans être gourmandé par le monde réuni aux Dêvas, où nul ne s’est élevé contre sa parole pour dire “Arrivé au degré qui est fait pour conduire hors du monde, non il n’atteindra pas au Nirvâṇa”, on dit de lui qu’il a acquis la confiance dans cette assurance. » Cette formule répond à l’article quatrième de la définition du Dharma pradîpikâ, quoiqu’il n’y ait pas entre les deux énoncés autant de ressemblance que pour les formules précédentes. Au lieu de placer dans la bouche des opposants l’opinion que le sage ne parviendra pas au Nirvâṇa, le Lalita vistara de la