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NOTES.

CHAPITRE XI.

f. 129 a.Et ayant une circonférence proportionnée.] Le texte se sert de l’expression sim̃hâsana pariṇâhêna, littéralement « avec une circonférence de trône, » c’est-à-dire peut-être, « avec une circonférence à la base. »

f. 131 a.Les formes de Tathâgata… créées miraculeusement de leur propre corps.] Voici les propres paroles du texte : âtmabhâvanirmitâs tathâgatavigrahâḥ. Nous avons encore ici une nouvelle espèce de Buddhas, distincts, si je ne me trompe, de ces Buddhas que notre Lotus suppose rangés dans les huit points de l’espace, et qu’il fait contemporains, dans d’autres univers, de Çâkyamuni, le Buddha du Sahâlôkadhâtu[1]. Il semble que ce soient là les Buddhas qui ont fourni à I. J. Schmidt l’idée de son système sur les Dhyâni Buddhas des Népalais, système qui consiste à supposer qu’un Tathâgata n’est pas plutôt parvenu à la perfection absolue qu’il se crée dans le monde céleste une sorte de reflet (Abglanz) qui est un Buddha de contemplation, Dhyâni Buddha[2]. A. Rémusat a eu parfaitement raison d’hésiter à adopter ce système, et il a pu justement se demander si c’était dans la classe des mythes ou dans celle des idées philosophiques qu’on devait ranger ces nouveaux Buddhas[3]. Le texte du Lotus de la bonne loi nous apprend que ce n’est ni dans l’une ni dans l’autre de ces classes, mais bien dans celle des miracles qu’on suppose toujours Buddha capable de faire. Ces apparitions ne sont donc pas essentiellement liées à l’existence d’un Buddha ; elles sont accidentelles : seulement elles flattent l’imagination des Buddhistes du Nord, qui aiment à se représenter l’infinité de l’espace peuplée d’un nombre infini de Buddhas. Si le lecteur veut bien se reporter à ce que j’ai dit plus haut, chap. vii, f. 105 a, p. 391, des seize Buddhas qui dirigent les mondes placés aux huit points de l’horizon, il verra combien ces Buddhas diffèrent de ceux dont il est question ici au chapitre xi. Les premiers sont en quelque sorte naturels ; car si l’on suppose des univers autres que le Sahâlôkadhâta qui est sous la tutelle de Çâkyamuni, ce n’est pas faire un grand effort d’intelligence que d’imaginer quinze autres Buddhas enseignants dans les quinze autres univers supposés. Les Tathâgatas du chap. xi, au contraire, sont des Tathâgatas miraculeusement créés du corps de Çâkyamuni, qui sont comme des apparitions magiques, et qui peuplent l’espace par delà les mondes dont je viens de parler. Comme les premiers, ils sont inconnus aux Buddhistes du Sud.

  1. Ci-dessus, chap. vii, f. 103 a, p. 391.
  2. I. J. Schmidt, Mémoires de l’Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 106 et suiv.
  3. A. Rémusat, Foe koue ki, p. 118.