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CHAPITRE VIII.

Entièrement maîtres des diverses connaissances distinctes.] Voyez relativement à cette expression la note reportée à l’Appendice, sous le no XVII.

f. 112 a.Voilà ce que dit Bhagavat.] Le texte se sert pour exprimer cette idée d’une formule sacramentelle que je retrouve également dans les textes pâlis, et qui donne lieu à des remarques analogues à celles qu’a déjà suggérées à Lassen la célèbre maxime yê dharmâ hêtaprahhavâḥ. Cette formule est ainsi conçue : idam avôtchad Bhagavân idam̃ viditvâ sugatô, hyathaparam êtaduvâtcha çâstâ. Les trois manuscrits que j’ai sous les yeux lisent uniformément viditvâ, « ayant connu. » Les deux manuscrits de M. Hodgson ont seulement hyêchâm̃, au lieu de hyatha ; je crois que la leçon du manuscrit de la Société asiatique est la meilleure, parce qu’elle s’accorde avec celle de la rédaction en pâli qui lit atha. Quant à viditvâ, si j’ai traduit ce participe par « ayant parlé, » c’est encore sous l’influence de la formule pâlie qui a vatvâ, « ayant parlé. » Il est fort possible que l’on ait dit dans le principe uditvâ, « ayant parlé, » ou même populairement vaditvâ, et que cette forme ait été confondue plus tard avec viditvâ, « ayant connu. » Et quant au pâli vatvâ, qui pourrait venir de vad + tvâ, il se sera substitué, comme plus ordinaire et quand le pâli eut atteint sa régularité factice, à la forme moins commune d’uditvâ. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en lisant vaditvâ dans le texte pâli, au lieu de vatvâ, on obtient, pour la fin de la première ligne de la formule pâlie, exactement la même quantité que celle de la première ligne de la formule sanscrite. Voici en effet la phrase en pâli :

Idam avôtcha Bhagavâ idam̃ vatvâ sugatô athâparam êtad avôtcha satthâ[1],
ce qui, divisé en deux lignes, donne à côté du thème sanscrit ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘
˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ
˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ
˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ

On voit que si dans la formule pâlie on lisait avôtchad ou avôtchâ, on aurait une longue là ou elle se trouve dans la formule sanscrite, tout comme idam̃ vaditvâ, à la fin de la première ligne, rétablirait l’uniformité des deux formules ; et d’un autre côté, dans la seconde ligue sanscrite on doit lire hyathâparam et non hyêchâm param ; pour avoir la quantité de la formule en pâli. Cette espèce de stance est manifestement formée d’éléments empruntés pour la plus grande partie au genre Trichṭubh ; cela est surtout reconnaissable dans la seconde partie de la stance où la mesure se rapproche davantage de la régularité classique. Quel que soit du reste le type auquel on doive ramener la première de ces deux lignes, leur ensemble ne pourrait former tout au plus que trois Pâdas, de cette manière :

1 2 3
˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘
˘ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ

Mais l’examen de la rédaction sanscrite permet d’affirmer que l’on a eu l’habitude de prononcer la stance d’un seul jet ; car on ne peut expliquer la présence de la particule

  1. Dîgha nikâya, f. 173 b.