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NOTES.

cercle sur lequel s’étend l’armée, et par suite son empire. Un Buddha possède la puissance de la première espèce, ce qui le fait appeler aussi « roi de la loi ; » un monarque souverain possède la seconde. Et c’est sans doute pour cela qu’à la vue des signes favorables qui faisaient prévoir la grandeur future de Siddhârtha, les astrologues annoncèrent au roi Çuddhôdana son père, qu’il serait un jour ou un Râdja Tchakravartin, ou un Buddha. Sous ce dernier point de vue on peut consulter le Lalita vistara, au commencement du chapitre iii[1]. Il ne faut pas non plus omettre les excellentes observations de MM. G. de Humboldt et Lassen sur le titre même de Tchakravartin[2] ; Lassen en a très-nettement fait ressortir le sens militaire et politique. J’ajouterai seulement que l’idée de représenter l’empire illimité de la loi par l’expression de « faire tourner la roue de la loi, » est un de ces emprunts faits à l’art militaire des Indiens, qui sont très-fréquents dans la langue des Buddhistes[3].

f. 89 b Et dans les intervalles qui séparent tous ces univers.] Comme il reste encore quelques doutes sur deux, termes qui se trouvent au commencement de cette description, j’ai cru devoir l’examiner en détail dans une note que l’on trouvera sous le n° XVI de l’Appendice.

f. 91 a Parvenu à l’intime et suprême essence de l’état de Bôdhi.] Lisez, « sur l’excellent siége de la Bôdhi. »

f. 92 a St. 24. Enseigne aussi la force de la charité.] Au lieu de ce sens que confirment les manuscrits de M. Hodgson, la version tibétaine traduit, « enseigne par la force de la charité. »

f. 96 b Pour tout dire en un mot.] Il paraît que la répétition fastidieuse de ce récit a fatigué le copiste lui-même ; car au lieu de le reproduire tout au long, comme il a fait jusqu’à présent, il ajoute un mot que j’ai remarqué dans un grand nombre de textes, notamment dans les diverses rédactions de la Pradjñâ pâramita, et qui est employé chaque fois qu’il s’agit d’exprimer l’idée de comme ci-dessus. Ce mot est pêyâlam̃ que je ne trouve pas dans le sanscrit classique. Dans les textes pâlis, la formule abréviative comme ci-dessus est exprimée par le monosyllabe qui est le commencement de pêyyâlam ; car c’est ainsi qu’est orthographié ce mot en pâli. J’en trouve un exemple dans l’Aṭânâtiya sutta, qui est ainsi conçu : sôyêva purimapêyyâlêna vitthârêtabbô, « il doit être développé avec le précédent pêyyâla[4]. » Je n’ai jusqu’à présent trouvé d’autre manière d’expliquer ce mot que de supposer qu’il dérive de , abréviation de pûrvé, « précédemment, » réuni à alam, « assez, » de façon à exprimer cette idée, « la chose a été dite précédemment d’une manière suffisante. » Je ne donne cependant encore cette explication que comme une conjecture.

  1. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 14. Voyez encore Introd. à l’hist. du Buddh. t. I, p. 82, note 1 ; et ci-dessus, chap. 1, f. 2 b, p. 299 et 300.
  2. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 276 ; Lassen, Ind. Alterthumsk. t. I, p. 810, note 2 ; t. II, p. 76, note 5.
  3. Voyez ci-dessus, chap. 1, f. 10 a.
  4. Dîgha nikâya, f. 177 a.