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NOTES.

manussâ, dêvâ. « Il y a cinq voies, savoir, l’enfer, une matrice d’animal, le royaume des Pêttas (les Prêtas), les hommes et les Dêvas[1]. » On reconnaîtra que dans cette énumération, ce sont les Asuras de la liste des six voies qui sont omis ; cela vient peut-être de ce que les Asuras habitant les régions inférieures, on les a réunis dans la catégorie du Niraya.

f. 73 b.Et il n’y a ni diminution, etc.] Il faut traduire plus exactement cette phrase de la manière suivante : « Et il n’y a ni diminution ni augmentation de la sagesse absolue du Tathâgata ; bien au contraire les hommes existent également, sont nés également pour éprouver la force de sa science et de sa vertu. »

Dans le présent monde.] Lisez, « aujourd’hui, » pratyutpannê ’dhvani, « dans le présent, » et voyez ce que j’ai dit de cette expression, ci-dessus, chap. 1, f. 10 b, p. 324.

f. 74 a.Ont des inclinations diverses.] Lisez, « ont des degrés divers d’intelligence. »

f. 74 b.Quatre plantes médicinales.] Il est peu probable que les noms que le texte donne ici à ces quatre plantes soient des dénominations réelles ; ils expriment, selon toute vraisemblance, les idées que les médecins indiens attachaient à de certaines plantes, ayant d’autres noms vulgaires, d’après leurs propriétés réelles ou supposées. Rien n’est plus fréquent, dans les textes buddhiques, que la mention des plantes médicinales : on peut conclure de là que l’application des végétaux au traitement des maladies, était depuis longtemps dans l’Inde l’objet d’une étude spéciale. Cela ne doit pas étonner quand on pense à l’énergie que possèdent plusieurs des plantes qui croissent naturellement dans ce pays. On se servait de toutes les parties des végétaux, racines, tige, écorce, feuilles, fleurs et le reste ; c’est ce que nous apprend un texte pâli que Spiegel a changé par des conjectures qui donnent un sens singulier, au lieu de le conserver pour y reconnaître un sens simple et incontestable. Il s’agit d’un médecin qui veut guérir un empoisonnement produit par la morsure d’un serpent, sur quoi le texte s’exprime ainsi : Tam̃ visatam̃ sappavisam̃ mûlakkhandhatatchapattaputthâdinam aññatarêhi nânâbhêsadjdjêhi sam̃yôdjêtvâ, ce que Spiegel traduit : « Il ramasse par divers moyens curatifs le poison qui s’est répandu sur les éléments principaux, la tête, les membres et le dos[2]. » Mais il me paraît évident que le sens véritable est celui-ci : « Ayant ramassé ce venin du serpent déjà répandu, en employant divers médicaments pris parmi des racines, des tiges, des écorces, des feuilles, des fleurs et autres. » Spiegel, pour justifier sa traduction, dit qu’il ne connaît pas pour les mots patta et puttha de sens qui convienne ici, et alors il change le texte et lit gatta, « membre, » et piṭṭha. « dos. » Cependant le sens de feuille qu’a le premier mot patta (sanscr. patra), va bien dans un composé où il est déjà question de racines, de tiges et d’écorces ; et quant à puttha, ce n’est pas trop hasarder que de lire puppha, « fleur. » Qui sait si Spiegel n’aura pas confondu les deux groupes singhalais ttha et ppha ?

  1. Sag̃giti sutta, dans Dîgha nikâya, f. 182 a.
  2. Spiegel, Anecdota pâlica, p. 87 et 88.