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CHAPITRE II.

Enfin, Fa su pan tu qui avait un temple à Ayuto (Ayôdhyâ?), est en sanscrit Vasubandhu, nom qui n’est sans doute que le synonyme de celui du savant et illustre Vasumitra[1].

f. 30 b St. 78. Stûpas de diamant.] Le mot du texte est açma­garbha ; j’ai essayé d’en établir le sens dans une note spéciale sur les sept choses précieuses[2]. Ce que je traduis par pierres précieuses est encore un terme qui m’est inconnu : nos manuscrits l’écrivent karkêtana, ou kakkêtana. Je trouve dans Wilson karkêtara, espèce de gemme ou de pierre précieuse dont la nature n’est pas précisément définie. Il n’est pas certain que les interprètes tibétains fussent beaucoup plus avancés que nous, car le traducteur du Saddharma se contente de remplacer karkêtana par ke-ke-ru, qui paraît n’en être qu’une transcription altérée. Le ke-ke-ru est, selon Csoma de Cörös, une pierre précieuse de couleur blanche. Schmidt dans son Dictionnaire tibétain donne le nom de ker-ke-ta-na comme synonyme de ke-ke-ru ; mais il ne nous en apprend pas plus que Csoma sur la pierre en elle-même.

f. 31 b St. 91. Des cymbales de fer.] Le mot dont se sert le texte est ṛĭllariyô, que je ne trouve pas dans Wilson ; nous verrons plus bas rĭllaka que je traduis par musicien, de même par conjecture[3]. Il est possible qu’au lieu de rĭllariyô et de rĭllaka on doive lire djhallariyô et djhallaka, et que la leçon de nos manuscrits résulte de la confusion du et du djha, lettres qui, dans l’écriture Randjâ, comme dans celle du Népal, ne diffèrent l’une de l’autre que par l’addition ou le retranchement d’un simple trait. Si la leçon de djhallariyô venait à se confirmer, nous y trouverions le pluriel du mot sanscrit djhallari, qui, selon Wilson, désigne entre autres objets « une espèce de tambour. » M. Foucaux qui a consulté pour moi le grand vocabulaire tibétain-sanscrit de Saint-Pétersbourg, y a trouvé djallari avec le sens de cymbale de fer ; c’est une confirmation inattendue de la signification que j’avais assignée déjà au rĭllariyô ou djhallariyô de notre texte. En résumé nous avons trois mots entre lesquels la critique ne pourra choisir que quand elle aura réuni des matériaux plus nombreux, 1o  rĭllari, qu’on ne trouve pas ; 2o  djallari, du vocabulaire tibétain-sanscrit, signifiant « cymbale de fer ; » 3° djhallarî, du sanscrit classique, désignant « une espèce de tambour. »

f. 32 a St. 99. Pour avoir [seulement] entendu la loi de leur bouche.] Il faut lire, « sans avoir entendu la loi de leur bouche ; » c’est une négation que j’avais omise par inadvertance.

f. 33 a St. 112. Connaissant, etc.] L’erreur que je commettais en traduisant Bôdhimaṇḍê « dans la pure essence de l’état de Bôdhi, » a jeté du vague sur la totalité du distique, dont je suis actuellement en mesure de donner une interprétation plus exacte : « Pour moi, méditant en ce monde, immobile pendant trois fois sept jours entiers, sur le trône de la Bôdhi, je réfléchis à ce sujet, les regards fixés sur l’arbre qui est en cet endroit. » Pour ce qui regarde le Bôdhimaṇḍa, j’en ai parlé ci-dessus, même chapitre, st. 4, p. 349.

  1. Landresse, Foe koue ki, p. 384 ; Introduction à l’hist. du Buddhisme indien, t. I, p. 567 et 568.
  2. Ci-dessus, ch. i, f. 9 a. st. 45, p. 319.
  3. Ci-dessous, ch. xiii, f. 150 b, st. 11.